La première fois, je l'ai vue venir de loin ; elle s' avançait rapidement dans les vallons et par-dessus les collines ; des nuages blancs, presque compacts, qui avalaient tout sur leur passage.
Et la première neige est enfin venue jusque chez moi. Agressive, en gros flocons qui fouettaient la baie du salon. Mais c' était la première neige, agressive ou pas.
Hier, elle est revenue, enfin calmée, beaucoup plus douce, majestueuse.
Le chien a gémi ; lui aussi l'attendait.
Nous sommes sortis, profitant d'une accalmie. Une première couche peu épaisse, mais suffisante au bonheur du chien qui se roulait dedans.
La magie opère toujours ; un bonheur enfantin à prendre cette neige respectueusement dans les mains ; les bruits étouffés, ce silence quasi religieux de la Nature, comme un hommage. Le crissement de mes pas, la métamorphose du paysage et du jardin. Une joie simple et profonde qui te submerge. Tu te sens neuf, meilleur, heureux.
La première neige ne transforme pas seulement ton environnement. Elle t' offre cette introspection, cette pause hivernal, ce ralentissement.
Et comme ce premier épisode hivernal avait été prévu par les météorologues, j' ai eu le temps de travailler un peu encore au jardin.
Je n'en pouvais plus de l'abri à tomates.
Les plants séchés, les bâches qui claquent au vent, cette vision d'abandon lorsque je prends mon café.
J' ai travaillé par jour de vent de tempête, j'avais la tête sotte avec les bâches qui claquaient, mais j' étais heureux de nettoyer cette partie du jardin.
En récompense, j'ai trouvé dans le paillis la dernière tomate ; un 10 janvier, savourer cette tomate sans sucre mais mûre, une première pour moi.
Des concombres du Sikkim momifiés m'offriront des graines pour les futurs semis.
J' ai laissé les piquets en place ; je déplacerai quelques arches pour les aligner correctement. J' ai le temps de réfléchir à cet abri.
Une récolte pour assurer le repas du soir.
Un dernier tour dans le jardin, profiter encore du jour, de ce jour qui rallonge peu à peu.
Se mettre au chaud, la tête pleine de projets. Comme celui de ranger la cabane. D' accéder à une réserve de bois bien sec. De découvrir par inadvertance des plaques à semis.
Et craquer, lamentablement....