Parasitoïdes

Comme tous les ans, je protège mes choux de la piéride par un filet anti-insecte et sans lui je n'aurais pas de choux.

Cette année, des pucerons cendrés se sont glissés sous le filet, sûrement par l'apport de compost demi-mûr. Pendant tout l'été, j'ai traité mes choux d'abord avec des purins de plantes puis avec des solution à base d'huile de colza ou pyrèthre: 1 heure à chaque fois pour passer du produit sur le dessus et dessous de ma vingtaine de choux.

Mi-septembre, les pucerons étant de plus en plus nombreux, je dépose les armes... j'enlève le filet.

En moins de 15 jours, 1/3 des pucerons ont gonflé et sont passés du vert-gris au marron clair. Un autre tiers est immobile. Par choux, des dizaines de petites guêpes de 2 mm sont à l'affût.



Ce champ de bataille est dû à une petite guêpe qui pond à l'intérieur du puceron. La larve se développe à l'intérieur de son hôte et finit par le tuer (on peut voir sur certains pucerons un trou par lequel la guêpe est sortie).


Une coccinelle cherche en vain des pucerons non parasités qui serviront à nourrir ses larves. Elle arrive un peu tard...


Ces guêpes sont venues naturellement chez moi, je pensais qu'avoir une telle efficacité en lutte biologique était réservée aux professionnels qui lâchent en quantité dans leur culture des insectes parasités en laboratoire.

Je pense que mon filet anti-insectes possède des mailles trop fines. Il protège mes choux papillons, des altises mais empêche guêpes et coccinelles de passer. Des mailles plus grosses seraient plus appropriées.

Yves

Laisser faire est souvent ce qu'il y a de mieux à faire, bonne soupe au chou !

[Craonne]

intéressant... Ici, les crucifères sont en train d'être dévorées par les chenilles de piéride d'automne. Même pas eu le temps de faire ouf... elles ont quasiment tout bouffé...

Cette année j'ai eu des semis spontanés de capucines qui ont été assez envahissants et se mêlaient aux autres plantes du potager, notamment les haricots.
La semaine passée j'ai vu que j'avais beaucoup de chenilles en train de se goinfrer mais j'ai constaté qu'elles étaient, en écrasante majorité, concentrées sur les capucines.
J'ai l'impression que les capucines détournent l'attention des chenilles comme les fêves le font avec avec les pucerons.

Merci de m'avoir indiqué ce complément d'informations pour mon ébauche de synthèse sur les parasites et maladies. Je découvre ce post extrêmement intéressant et je me pose beaucoup de questions.

L'environnement et le terroir doivent être déterminants.
J'observe de près les parasites et cherche à repérer leurs prédateurs et chez moi les prédateurs sont très peu visibles.
J'ai fait des abris à carabes, j'en vois parfois, mais peu. Cette année mon tilleul en fleurs, qui bourdonne d'abeilles d'habitude, était silencieux. Les guêpes, bourdons et autres hyménoptères disparaissent chaque année un peu plus. Les papillons aussi, nous essayons de laisser des orties et ombellifères, mais notre jardin est une exception. Dans notre coin de campagne il faut avoir des jardins bien propres et on détruit tout ce qui ressemble à une guêpe ou un bourdon parce que "ça pique et c'est dangereux pour les enfants". Et le maïs nous entoure de plus en plus, maintenant on en cultive partout, et nos jardins sont pulvérisés en même temps que le champ d'à côté.
J'aimerais beaucoup observer un "nettoyage de pucerons" comme le tien! Mais pour le moment les seuls parasites d'insectes que j'ai observés et photographiés sont des varroas sur une reine bourdon!

Pour les chenilles de piéride je confirme que les capucines les attirent beaucoup, mais je me demande si elles ne contribuent pas du coup à leur prolifération en leur offrant abri et nourriture. J'en ai eu de grosses attaques cette année sur mes choux, et ce sont pratiquement les seuls papillons que nous ayons observés dans le jardin cet été.

J'avais tenté une expérience de mixture purin de fougère + savon noir sur mes choux, scientifiquement ratée mais qui m'a bien débarrassée des chenilles et (momentanément) des limaces.
post274264.html
Il faut 2 pulvérisations, la difficulté étant d'atteindre les bébêtes à l'abri dans les replis des feuilles, et d'après ce qu'on m'a indiqué par la suite c'est le savon noir qui serait efficace. Le purin de fougère a bien marché, lui, pour éliminer les limaces (d'autres sont revenues par la suite)...

Je me demande combien de prédateurs de ces indésirables j'ai liquidé avec mes pulvérisations.
Notons que c'est la deuxième année que les indésirables détruisent totalement les choux ici. Jusque là on avait des dégâts, mais ils étaient supportables et on ne pulvérisait pas.

[Craonne]

vous vous rappelez de " Guerre et Paix dans le potager " ? Il y avait une scène où on voyait des pucerons noirs sur artichauts, se faire dévorer par je ne sais plus quelles bestioles et tout revenir à la normale en quelques semaines ( jours ? )
ça m'avait pas mal impressionné...

Et tu n'as que des pucerons sur tes choux, pas de chenilles de piérides ?

Parce que l'insecte sur la photo ressemble à un micro-hyménoptère:
Apanteles glomeratus, qui pond ses œufs dans les chenilles de la Piéride du Chou
appartenant au groupe des Braconidae, qui se différencie du groupe des Ichneumonidae du fait que l'hôte (par exemple une chenille) peut être occupé par plusieurs larves du parasite qui peuvent être issues d'un seul œuf ou de plusieurs œufs déposés en même temps par une femelle (jusqu'à 150 œufs dans une même chenille)

Ce qui voudrait dire que chez toi, ne trouvant pas de chenilles, les Apanteles se sont rabattus sur les pucerons.

A moins que je ne me sois trompé dans la détermination...

En tous cas, très beau reportage de ravageurs et de leurs ennemis naturels

Sources :
Les insectes d'Europe, M. Chinery chez Elsevier
Les amis et les ennemis du jardin, Rainer BERLING, chez BORNEMANN

Étonnant ton identification Philippe car le discourt passé sur ces parasitoïdes que ce soit sur la toile ou par les chercheurs de l'INRA de Rennes c'est qu'ils ciblent qu'une seule espèce d'où leur intérêt dans la lutte biologique pour ne détruire que le ravageur voulu et non pas les autres espèces qui passent dans le coin. Ceci est d'ailleurs rassurant car quand tu vois les Ichneumons qui visitent mon hôtel à insectes avec un ovipositeur de 2 cm (pour la ponte) on se demande tout de suite si l'homme ne peut pas être un hôte occasionnel.

Voici d'ailleurs quelques photos prises sur mon hôtel, si tu pouvais m'en dire plus sur ces 2 guêpes qui reviennent chaque année... Plutôt que leur donner un nom c'est de savoir pourquoi elles sont là qui m'intéresse. La première mesure 3mm, la seconde 3cm.





Yves

On introduit des auxiliaires à la pépinière (maïs sur 2 côtés), tandis qu'en culture (alentours, prairies permanentes, bois, cours d'eaux) pas besoin. Plus le milieu est artificialisé moins l'équilibre se met en place.
Et le tout dans un rayon de 300 m!

Salut Yves !

La réponse est peut-être là :

"A moins que je me sois trompé dans la détermination...."

Je ne suis pas un entomologiste émérite ; mon intérêt pour les insectes date de mon adolescence lorsque je cherchais des fossiles et que je découvrais des insectes fossilisés. Je jardinais déjà à l'époque dans le jardin de mes parents.
Les insectes fossilisés de l'Oligocène que je découvrais avaient disparus depuis longtemps en Alsace, mais on en retrouvait certaines variétés vivant toujours, notamment en Asie,....

Je ne fais donc qu'observer et je n'ai aucune prétention à déterminer avec exactitude une espèce ou une variété.
Mais tout comme toi, je cherche à comprendre pourquoi telle espèce fréquente plus le jardin plutôt qu'une autre, de quoi se nourrit-elle, est-elle en compétition avec d'autres espèces, ......


Je n'ai jamais noté de déséquilibre flagrant et répété dans mon jardin actuel, une espèce dominant plus que les autres.

Merci pour les photos, c'est toujours un régal !

Bon, par contre, pour répondre à ta question, niveau régal, j'ai un gros doute.....