GRTEA: Pourquoi greffer ?

introduction

L'utilisation d'un porte-greffe (PG) vise à pourvoir le plant greffé d'un système racinaire plus développé et/ou plus résistant.

Disposer d'un système racinaire plus développé (que celui de la variété du greffon), est un facteur important et nécessaire pour augmenter la vigueur de la plante. On distingue la vigueur végétative et la vigueur générative.

  • la vigueur végétative est celle qui permet à la plante un développement vigoureux des tiges et des feuilles.
  • la vigueur générative est celle qui favorise la production de fleurs et de fruits.

On conçoit aisément que ce qui est recherché est un bon équilibre entre les deux :

  • un déséquilibre en faveur du "génératif" va entraîner une production précoce de fleurs et fruits, mais le risque est que la plante ne soit pas assez puissante pour "alimenter" cette production (les risques sont d'avoir des fruits pas assez gros et surtout un épuisement précoces de la plante).
  • un déséquilibre en faveur de génératif va entraîner la croissance d'une plante très puissante capable de nourrir nombre de "beaux fruits", mais un retard dans l'apparition en nombre significatif des fleurs et donc des fruits.
  • il faut noter que certains industriels, surtout équipés de serres, pour des raisons de "prix de marché" peuvent rechercher un PG très orienté génératif pour disposer d'une production plus précoce, ou au contraire un PG très "végétatif" pour une production tard dans la saison
  • la majorité des jardiniers amateurs viseront eux, un bon équilibre entre "végétatif" et "génératif"



résistances des portes greffes

Les résistances supplémentaires pouvant être apportées par un porte-greffe sont naturellement les résistances aux maladies et parasites venant du sol par les racines.

Cependant on constate également assez souvent, probablement en raison de la vigueur supérieure des plants greffés une meilleure tolérance à des maladies aériennes quand les attaques ne sont pas trop graves. Par exemple, plusieurs jardiniers greffeurs de Tomodori ont constaté que les plants greffés, à conditions égales, résistaient mieux ou plus longtemps au mildiou que les mêmes cultivars en pied francs.

Quand il n'est pas possible de pratiquer une rotation de culture sur cycles longs -au minimum 4 ou 5 ans sans solanacées"- ce qui est très souvent le cas dans les serres, il est malheureusement fréquents que des maladies finissent par infester le sol. Pour les amateurs qui ne peuvent ou ne veulent pas pratiquer de fumigation ou de traitements phytosanitaires "violents", la seule réponse appropriée est alors la greffe, en choisissant un porte greffe résistants aux maladies identifiées.


Info Il convient de ne pas idéaliser ces résistances et rester prudent.

A titre d'exemple : la mésaventure de Papo4334 avec ses plants de tomates greffés sur le PG Superpro en 2015.

Sur 18 plants greffés et mis en terre en mai, à partir de fin juin et en quelques jours 15 de ces plants ont été victime d'une maladie (probablement virose ou bactériose) qui les a détruits en quelques jours, alors qu'aucun des pieds francs ou des pieds greffés n'a été atteint.

Il semblerait que cette "maladie", certainement présente dans tout le jardin ne s'attaque qu'aux pieds greffés sur ce PG.

Pourquoi ? On peut imaginer que c'est du à la présence d'un gène spécifique à ce PG.

Voir

Tomo Croqueuse Message du forum, sur ce sujet, par Papo4334 quelques messages et photos sur ce problème

les "maladies" et les "sigles" correspondants

Pratiquement tous les PG pour tomates et aubergines sont présentés en indiquant leur résistance relative à différentes "maladies" en utilisant une nomenclature plus ou moins bien standardisée, dont voici un extrait (qui essaie de donner les variantes usuelles de ce sigles)


ToMV Tomato Mosaic Virus ; Mosaïque de la Tomate
V ; Vd ; Va Verticillium ; Verticillium Dalhiae ; Verticillium albo-atrum
N ou Ma, Mi, Mj Nématode à galles ou Meloidogyne arenaria
TSWV Tomato Spotted Wilt Virus
FR ou For; F/F1/F2 ou Fol Fom Fusarium Oxysporum vr. radicis lycopersici, lycopersici, lycopersici 1, lycopersici 2 ; les variantes de Fusariose
Oi ou On Oidium neolycopersici
Wi Argenture
TYLCV Tomato yellow leaf curl virus
Pl Pyrenochaeta lycopersic ; racines liégeuses; corky root
Ff A/E Cladosporiose  ; Fulvia fulva (variantes 1 à 5 ou A à E)
XX xxx
YY yyy

Assez souvent les semenciers producteurs de PG ne se limitent pas à indiquer "résistance" ou pas à telle ou telle maladie, mais précisent "Résistance" ou "Résistance partielle", ce qui se traduit généralement dans les sigles par les sigles R ou RI;

En fonction de ce que le jardinier connait de son sol, il devra sélectionner le ou les PG qui sont résistants au maladies qui infestent son terrain.


Lectures intéressantes

productivité

A côté de la meilleure résistance procurée par les PG, l'autre raison majeure justifiant la greffe est l'amélioration de la productivité.

Productivité

Cette "amélioration" de la productivité ne se réduit pas à l'augmentation en nombre de fruits ou en kilogrammes de la production par pied sur la saison, mais selon les besoins et attentes du jardinier peut comprendre un ou plusieurs des critères suivants :

  • conduite des plants sur 2 ou 3 têtes : quand l'espace est limité et que le sol est suffisamment riche et/ou bien amendé, une meilleure production au mètre carré (à l'hectare pour les professionnels) peut être obtenu en conduisant les plants sur 2 ou 3 têtes dans la mesure ou le surplus de vigueur apporté par le PG le permet.
  • ajuster la saison de production : pour des raisons diverses il peut être attendu d'un PG de permettre une production plus précoce, ou une production plus tardive ou une période de production plus longue (donc à la fois précoce et tardive). C'est en principe en jouant sur le caractère plus ou moins génératif ou végétatif (ou les deux) du PG que le résultat sera obtenu.
  • améliorer le pourcentage de "beaux fruits" (ou, pour les professionnels de fruits commercialisables) : c'est une qualité revendiquée par nombre de PG et dans une certaine mesure attestée par diverses études scientifiques (masse moyenne des fruits obtenus sensiblement supérieure en cas de greffe).

Résultats obtenus dans différentes études

Pour la tomate il existe de nombreuses études comparatives crédibles (études universitaires ou études de groupements de producteurs, a priori plus fiable que les affirmations des semenciers) qui démontrent des gains selon ces différents critères. Il convient toutefois de prendre les chiffres obtenus avec du recul puisque ces études i) portent chacune sur une seule variété ou un petit nombre de variétés de cultivars greffons, ii) dépendent des conditions de culture (sol, climat, apport d'engrais avant ou pendant les cultures) et, iii) dépendent du ou des quelques PG étudiés (et donc de leur compatibilité plus ou moins bonne avec les variétés de cultivars).

La majorité de ces études démontrent effectivement un gain sensible, tant en productivité globale qu'en pourcentage de fruits "commercialisable" (taille moyenne des fruits supérieure avec les plants greffé) et même souvent en longueur de la période de production.

Les chiffres les plus spectaculaires (du genre gain de 100% voire plus) correspondent aux cas ou une maladie a sérieusement perturbé la production des pieds francs... ce qui au passage démontre la réalité de la résistance apportée par le PG.

En l'absence de maladie, la majorité des études concernant la tomate rapportent, selon les PG et les variétés de cultivars des gains de productivité se situant dans la fourchette de 20% à 50%. Ces chiffres correspondent raisonnablement bien aux constats moyens faits par les jardiniers greffeurs de Tomodori.

Concernant les aubergines, je n'ai pas trouvé d'étude comparative chiffrée, cependant les retours d'expérience des Tomodoriens font état de résultats chiffrés encore plus probants qu'avec les tomates, avec des gains de productivité moyen constatés se situant généralement entre 40% et 100%.


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