Hypero Tomo
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Slow Food " les Doigts d'Or"
Penchée sur son tour, les cheveux noués, elle m’accueille avec le sourire dont elle ne se départit jamais. La musique de sa machine couvre à peine sa voix douce.
« Tu viens me voir, c’est gentil. Tu veux un café ? »
Elle est affairée à son ouvrage. L’argile grise coule dans ses doigts. Une boule massive, dure. Elle la claque sans ménagement sur l’assise du tour. Le geste est ferme, presque brutal. La boule s’écrase en se déformant. Elle la reprend maintes fois pour lui donner la texture voulue. Dix fois elle la sépare en deux parties égales, les tournent métronomiquement, en les faisant se rejoindre comme deux moitiés d’orange. Le geste est mécanique, répété mille fois. Je suis avec des yeux avides son manège, tout absorbé par la magie qui va se dérouler.
« Tiens prends une tasse et sers toi, tu veux un sucre, il y en a sur l’étagère »
Elle s’est tue. Ses doigts virevoltent à mesure que la machine vrombit. Toujours la même danse, l’argile monte sous la pression de ses mains, s’érigeant en une tour, puis elle l’écrase sur la base. Encore le même geste maintes fois renouvelé. Et là commence la magie. Le silence se fait, j’arrête de tourner la cuillère dans ma tasse. L’index, le pouce, la paume, tout obéit à son ordre. Calme, appliquée, concentrée, elle dessine du creux de la main la forme qu’elle a imaginée. Une boule grisâtre se mue en vase, pichet, tasse, coupe ou bol. D’un geste vif, elle décolle le plat qu’elle vient de tourner et le pose à coté de la table. Je reste muet à contempler ses œuvres. Des centaines de poteries hantent ses étagères. Séchant lentement en attendant leurs cuissons. Grises, bistres, ou aux couleurs des émaux, tout est harmonie. La danse de ses doigts peut recommencer. J’ai fini mon café.
Elle reprend son ouvrage, en silence.
Salade de Jaunes flammées aux blancs de juin
Semez dès février des jaunes flammées dans un terreau douillet
Préparez leur une terre riche, juste fumée et repiquez.
Taillez, tuteurez, bichonnez, tant qu'il vous plaira.
La belle n'attend point, à peine orange cueillez la.
Coupez en quartier ses lobes généreux
Ciselez finement le blanc de juin
Tranchez ses feuilles odorantes
Relevez d'un vinaigre subtil
Dégustez, c'est la première de l'été!
Candide Voltaire