Merci Linquat.
Je vois, je vois. Ils ont sans doute eu un accident dans ce qu'on appelle un "saut", c'est à dire un dénivelé. La Guyane a en fait, pour simplifier, la forme d'une pile d'assiettes dont le bord inférieur de chaque assiette dépasserait de la pile vers le nord.
Les reliefs les plus élevés sont donc au sud et lorsqu'on descend les fleuves vers la côte, on se tape une succession de sauts plus ou moins impressionnants. Dans le sens inverse, il faut au contraire les remonter.
Evidemment, la pirogue sur les fleuves et les criques est et restera toujours dangereuse. Nous-mêmes (on était trois) avons chaviré dès le premier saut au début de notre périple pour une histoire de moteur pas assez puissant. Mais sans grande difficulté et quasiment dans la rigolade. On a récupéré tout ce qui flottait et on s'est retrouvé sur la berge du fleuve en pleine forêt. C'est pour ça qu'on a dormi ensuite sur cet ilet où je fais la vaisselle, ce qui n'était pas prévu.
Pour la sécurité, nous avions gilet de sauvetage et casques. Les copains avaient un casque de canoë mais j'ai du me contenter d'un casque de VTT. Allure ridicule garantie mais sécurité OK. On ne gardait pas le casque sur eau plate.
qui a empêcher ce dernier d'essayer de lui porter secours car "malheureusement il n'y a plus rien à faire à cet endroit : trop dangereux"
J'imagine à quel point ce doit êre dur à entendre pour toi et l'horreur que ça a du être pour son copain, mais on ne plaisante pas avec ça. Hors de question de laisser quelqu'un plonger dans le bouillon.
Décidément, je comprends tout à fait pourquoi tu dis qu'elle est miraculée. Vous avez eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance, crois-moi !
Je me souviens des sauts absolument furieux et immenses qu'on a passé sur l'Oyapok, y tomber, j'ose même pas y penser. Seule chance de survie : la tête protégée par le casque, le gilet qui fait flotter. La consigne est de se mettre en boule en tenant les genoux avec les bras en espérant rouler/bouler (sans se briser un membre sur les rochers du saut), comme c'est arrivé à ta fille si je comprends bien, jusqu'à ce qu'on arrive à une zone plus calme pour être repêché.
Etait-elle équipée d'un gilet de sauvetage et d'un casque ? Le problème ici, c'est que les piroguiers trop habitués ne respectent plus la sécurité. Le mois dernier, nous avons perdu un célèbre piroguier qui baladait les touristes depuis 20 ans sur l'Approuague, un autre fleuve. Tellement rompu à la forêt et aux pirogues qu'il ne portait ni gilet, ni casque, contrairement à ses touristes. Mais tout peut arriver si vite en pirogue (à l'intérieur de la forêt aussi d'ailleurs...), il y a eu un problème de choc de la pirogue avec une branche ou quelque chose comme ça. Déséquilibré, il tombe, se cogne la tête et se noie, on a retrouvé le corps un moment plus tard. Comme Tabarly qui est mort parce qu'il ne s'était pas encordé sur le bateau comme l'exige la sécurité...
Mais bon, tout sport nature peut être dangereux, il faut le savoir. Ca ne m'empêchera pas de repartir en tout cas.
Pour dédramatiser tout ça, voici une photo rigolote de Régis et moi sur la pirogue, celui qui a l'air débile avec son casque de VTT, c'est moi bien entendu !
C'était ma première expédition et je ne me rendais pas encore bien compte des zones du fleuve où on pouvait retirer le casque (à noter qu'on ne devrait théoriquement pas le retirer, mais bon...).
La fièvre Q est causée par une minuscule bactérie du groupe des Rickettsies. Transmises par les déjections de mammifères sauvages mais pas très clair. S'attaque aux poumons, entre autres, et peut prendre des formes graves. J'ai une collègue qui a été trois mois en arrêt et était devenue squelettique.
Bah, si on réfléchit à tout ça on ne part jamais nul part !