Bien mener son compost

Cher AR,
Je respecte parfaitement vos connaissances aux uns et aux autres. Toujours est-il que, dans mon cas, l' enfouissement de feuilles a transformé une terre stérile en terre végétale.
Sur la soif d'azote : tous les bouquins, toutes les conférences auxquelles j'ai pu assister l'attestent : elle a lieu même avec du "vrai" BRF.
Un témoignage récent :trois ans pour attendre les effets bénéfiques au potager mais alors ils sont très importants.
Je me dis aussi que ce n'est pas par hasard que la mode du BRF vient du Canada. Il y a là une énorme quantité de déchets de l'industrie du bois à valoriser.
C'est d'ailleurs chez moi, qui suit d'un naturel méfiant, la petite interrogation sur toutes ces innovations :
- carbochar alors qu'il va y avoir beaucoup de déchets de distillation des engrais verts;
-- mycorhizes : en magasin;
- purin de compost : en magasin aux Etats-Unis...
Ca ne m'empêche pas d'essayer, rassurez- vous.

Oui, c'est intéressant cette histoire de faim d'azote JPP. Il faudrait voir, tout de même, l'influence de deux facteurs : les essences broyées et le précédent cultural.
Si on a fait un engrais vert à base de vesce, par exemple, et qu'on applique le BRF ensuite, est-ce que ça ne se passe pas mieux ?
D'autre part, certaines espèces produisent des jeunes tiges très feuillues avec beaucoup d'eau et des feuilles riches en azote. Nous avons ici un arbre légumineuse à fleurs roses dont les tiges à diamètre pour BRF sont encore très riches en cellulose et peu lignifiées alors que le feuillage, très abondant, est spécialement riche en azote. (Faudra que je retrouve son nom). D'ailleurs autrefois, les créoles coupaient ses rameaux en saison sèche quand tout est cramé (lui perd peu de feuilles) pour compléter l'alimentation des ovins.
Au Brésil, ils broient aussi les jeunes tiges de bois-canon. Elles sont lignifiées mais les feuilles sont énormes et très riches.
A mon avis, il devrait être possible en jouant sur la nature des essences broyées et l'engrais vert précédent, non pas de supprimer la faim d'azote, mais de la restreindre.

Je me souviens que j'avais enfoui dans une partie d'une mes deux planches à légumes des morceaux de troncs de bananiers seulement partiellement décomposés, donc encore très riches en cellulose puis j'avais mis des aubergines. Elles s'étaient développées normalement alors que je m'attendais à ce que la matière organique seulement mi décomposée enfouie soit gênante. Comme quoi...
Un sol c'est tellement complexe, et avec encore d'autres spécificités en zone intertropicale, qu'on est jamais sûr des choses à 100% !

Au passage, je partage tes clins d'oeil de vieux loup de mer sur les intérêts commerciaux qu'il pourrait y avoir derrière un certain nombre de nouvelles méthodes. Mais comme tu dis, ça nous empêche pas d'expérimenter pour notre propre compte mais attention aux coûts, y compris au niveau local. Je ne sais plus qui sur le forum (Linquat peut-être ?) disait récemment que depuis que le BRF est "tendance" le fournisseur de son coin avait explosé les prix.

Mais .. Chacun fait comme il le sent et tire son experience de ses réussites et de ses echecs ...
De plus , je n'aspire pas a devenir un gourou des methodes biologiques ..
Quoiqu'il en soit il y a des fondamentaux qu'on ne peut pas remettre en question :
Pour le BRF , la digestion de la lignine des rameaux sera assurée par des champignons qui ne trouvant pas d'azote dans les rameaux ( ou tres peu ) vont mobiliser tout l'azote qu'ils trouveront dans le sol . La faim d'azote : c'est ça . Maintenant on peut prevoir le coup en cultivant des engrais verts azotés auparavant .. ou rajouter de l'azote avec le BRF.

Les feuilles enterrées , ce n'est pas de la lignine c'est de la cellulose ,
Ce ne sont pas les champignons qui travaillerons mais la pédofaune .. Et elle aura besoin d'azote pour travailler .. Donc elle mobilisera , elle aussi, tout l'azote qu'elle trouvera dans le sol .. C'est une autre raison de la faim d'azote.
Maintenant il est exact que 2 ans apres , l'humus ainsi formé va rendre son azote par le jeu de la minéralisatioo secondaire ;

Ca , ce sont les fondamentaux biologiques de toute culture , que ce soit des ceréales en extensif ou des cultures potagères .
En cherchant un peu , on trouve beaucoup de doc sur Internet a ce sujet

Et pour faire son experience personnelle , il faut d'abord bien comprendre les fondamentaux pour s'eviter ensuite les analyses erronées ..

Voila .. J'ai essayé de vous dire ça de façon simple et claire ... Pour vous aider a comprendre ce qui se passe dans votre terre ...
Maintenant c'est a vous de voir et de décider ..

Très intéressant cette discution, merci AR

ici ma terre est argileuse, et bien imperméables, les 4 mares du jardin ne sont jamais a sec, est cela sans bâches

comme mes légumes ont pourris, l'an passé, j'ai opté pur une culture en ados

Sur le fond, on est totalement d'accord Alain Redon et moi. D'ailleurs, vu la taille de ma bibliothèque de jardinage , je me renseigne quant--même un peu !
Maintenant :
- n'oublions pas que ce sont les scientifiques qui nous ont refilé la chimie . Chaque génération de savants, quoiqu'elle s'en défende, a l'impression d'avoir atteint le stade ultime de la connaissance. Que sera demain le stade ultime de la connaissance agronomique ?
- il y a un savoir jardiner qui vient de la nuit des temps; comme la pensée sauvage de Levi-Strauss celui-ci a toute son importance et c'est ce savoir là qui est aujourd'hui en péril :parce que les jardiniers se sont raréfiés autour des années 50-60 et qu'il y a rupture entre générations un problème de transmission se pose , sans doute plus grâve que celui de la diffusion des connaissances scientifiques.

Sergio, est-ce dans tes coins il y a des pratiques qui s'apparentent au carbochar (charbon de bois, terra prieta) ?

- il y a un savoir jardiner qui vient de la nuit des temps; et c'est ce savoir là qui est aujourd'hui en péril :parce que les jardiniers se sont raréfiés autour des années 50-60 et qu'il y a rupture entre générations un problème de transmission se pose , sans doute plus grâve que celui de la diffusion des connaissances scientifiques.

Tu crois vraiment ??
je ne sais pas si on peut vraiment dire ça . ... Tout n'est pas aussi tranché ..

Si j'en juge par les vieux jardiniers de mon entourage - et il y en a beaucoup- je trouve que ce sont les jeunes qui en savent le plus .

Beaucoup de jardiniers qui jardinent depuis 50 ans continuent a enterrer du fumier frais , à mettre un fil de cuivre en travers de leurs pieds de tomates et à laisser leur terre nue l'hiver sous les rafales de pluies et de neige ...

Les connaissances évoluent ... Il faut en faire son profit ..
Au Moyen Age , on croyait qu'en laissant trainer un tas de chiffons dans le coin d'une pièce, ça faisait naitre un nid de souris ...On savait pas pourquoi ni comment ...mais on le constatait

Chez nos anciens , au fond du jardin , il y avait un tas de fumier ( dejections animales + paille ) sur lequel on jetait les dechets de jardinage ( compost )... Et ça poussait ..
On savait pas pourquoi ni comment ... Mais ça poussait ....

Maintenant , on sait pourquoi ça pousse et comment ça pousse.

Et plutot que d'agir par empirisme ( je fais comme mon pere et mon grand père) , on agit plus scientifiquement : je fais ceci plutot que cela car je sais exactement pourquoi il faut le faire et je maitrise les éléments que j'emploie .
On parle désormais d'azote ammoniacal, de nitrites , de nitrates , on sait quels légumes ont besoin d'azote et ceux qui préfèrent la potasse.

La Science est passée par la ..

Elle n'est pas toujours néfaste si elle est utilisée a bon escient

Sergio, est-ce dans tes coins il y a des pratiques qui s'apparentent au carbochar (charbon de bois, terra prieta) ?

Mon pauvre JPP, si tu savais ! Pas le temps de continuer ce soir mais je développerai.

Apparemment, Sergio connait des choses terribles...

A part ça, je ne vais pas nier les développements de la science du sol, qui a fait de gros progrès somme toute récemment et qui en a encore beaucoup à faire. Ca peut toujours servir, surtout à nous autres urbains (que nous vivions à la ville ou à la campagne, nous sommes des urbains).
Maintenant, je garde précieusement le souvenir du jardin paysan de ma grand 'mère. Le jardin de quelqu'un qui est totalement immergé dans la nature avec ces aller-retour entre jardin et le vaste monde dont parle Lieutaghi (les plantes compagnes).
Il ne s'agissait pas d'un jardinage empirique mais d'un véritable et grand savoir simplement avec d'autres règles que la pensée scientifique.
En matière de jardin, on n'invente rien. On ne fait que redécouvrir.

je n'ai pas de connaissances trés poussées en jardinage(je ne jardine que depuis 6 ans) mais je fais mon compost et j'en mets tous les ans.L'an dernier,j'ai fait un apport de basalte et de lithotamne. La difference est visible:pousse vigoureuse,aspect sain,productivité.J'ai toujours ma phacelie au jardin,j'attend qu'elle gèle......salut et saquez d'in!!

.....salut et saquez d'in!!

c'est quoi "saquez d'in!!"

en mettre un coup ( s'agissant du travail , hein!)

[c'est du patois chti

Il va falloir qu'on parle serieusement de la valeur du compost en tant qu'engrais ..

On ne peut pas vraiment dire que c'en est un (d' engrais )

C'est surtout un pourvoyeur de matiere organique ..

Le sujet en interesse certains ?? On peut developper , si necessaire ..

je veux bien que tu développe pour le béotien que je suis

je ne met jamais d'engrais, rien que du compost, alors de quoi mes plantes vivent ?

Disons que le compost se comporte comme de la bouillie pour bébé???