Si, le bio m'intéresse dans mon alimentation, mon mode de vie et dans mes cultures, mais c'est comme pour tout, il y a un juste milieu.
Se braquer sur le bio à 100% (et ça dépend de ce qu'on entend par "bio"!) et dénigrer tout le reste est une forme d'extrémisme, avec tous les défauts et reproches qu'on peut faire de manière justifiée aux comportements extrémistes.
Je pense qu'on doit essayer de faire au mieux et être le plus raisonnable possible, mais parfois un acte/comportement "non bio" c'est utile ou bien on n'a pas trop le choix. Voter bio au maximum, oui, mais garder une ouverture d'esprit et un bon sens commun, avoir les pied sur terre, être réaliste et (auto)critique.
C'est vrai que la "mode bio" actuelle est surtout motivée par le fait que les producteurs et magasins peuvent vendre les produits labellisés bios beaucoup plus chers !!! (et ça ménerve !) C'est malheureux à dire mais maintenant mon oeil recherche automatiquement les logos Bio sur les emballages des produits dans les grandes surfaces, pour directement passer outre ces produits chers et me concentrer sur les emballages de produits conventionnels, adaptés à mon porte-monnaie... Attention, évidemment si le bio est au même prix pour la même quantité et qualité, je prends bio, of course. Et puis je suis conscient que ça revient parfois plus cher au cultivateur de produire bio, c'est pas toujours une volonté d'arnaquer le client. Si la différence de prix est raisonnable ou que le produit est vraiment meilleur, pas de problème. Mais c'est rare !
Ne pas aimer les F1 par principe, c'est un choix que je respecte, mais il ne faut pas oublier que ce n'est qu'une plante, comme toutes les autres. Si vous produisez des semences vous-même en pollinisation ouverte, et que l'année suivante une des graines donne une tomate totalement nouvelle dont vous tombez amoureux, vous adorez... une F1. Rien de mal à ça et pas de raison de diaboliser un "bête végétal". Vous essayerez de la stabiliser, vous réussirez, et vous aurez une nouvelle variété fixée, qui à la base est une F1, un croisement de première génération, c'est juste ça que ça veut dire. Et il y a des légumes F1 d'excellente qualité gustative, parfois supérieure à une partie des souches classiques du légume concerné. C'est le "système" mis en place dans notre société et les habitudes de consommation qui sont surtout criticables en ce qui concerne les F1, pas ces plantes qui ne sont pas fondamentalement des mauvaises idées, enfin ça dépend de l'objectif poursuivi.
Je pense aussi qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre certaines choses : le but du bio n'est pas de défendre la cause du droit à produire ses semences et préserver les anciennes variétés, mais juste de produire un aliment sensé être moins nocif pour la santé humaine et le reste de l'environnement par rapport à des cultures traitées avec des pesticides modernes (je dis bien "sensé" et "moins", car par exemple, un excès de cuivre lié à trop de traitements à la bouillie bordelaise ou un excès de fertilisation organique trop riche en azote ne sont pas top non plus pour la santé et la nature). Ne pas lier non plus production bio et variétés conventionnelles et qualité : on fait et on vend de très bons légumes F1 en bio. De même la culture "conventionnelle" ne produit pas nécessairement des daubes (que ce soit en légumes F1 ou cultivars classiques). Et il y a aussi des daubes bio en variétés classiques...
Deux concepts bios existent et créent la confusion : la "philosophie bio" qui prône l'absence de recours aux produits de synthèses trop élaborés et la fertilisation "chimique", le retour aux anciennes variétés, le droit à la production et à la diffusion des semences, le maintien de la biodiversité, une alimentation saine, une logique de culture et une organisation du commerce mieux pensées, un meilleur style de vie, le respect de l'environnement, etc... J'y adhère. Mais je n'en fais pas une religion et tout en faisant des efforts je reste réaliste. Ensuite, il y a la "réglementation bio". Qui donne à un producteur une liste de ce qu'il ne peut pas faire s'il veut qu'un de ses légumes puisse se vendre sous l'appellation bio. Point. Après ça, il est libre de faire ce qu'il veut. Et on en arrive parfois à des gens qui se donnent bonne conscience en achetant bio, alors que en dessous de cette étiquette il n'y a qu'une épouvantable mascarade, certains producteurs et vendeurs profitant juste de la réglementation et mode actuelle et de tout le tapage médiatique et politique sur l'écologie ou le bio, qui sont parfois très éloignés de la réalité ou contraire au bon sens.
Oulah je me suis laissé aller, le temps a passé, je vais clôturer
Deux-trois dernières choses qui me viennent à l'esprit : pas loin de chez moi, un producteur épand plusieurs fois par an des centaines de kilo de sel de déneigement au pied des clôtures qui parcourent son terrain, pour désherber et empêcher la repousse. Ce n'est pas interdit par le cahier des charges du label bio, ses produits ont le label bio. Autre exemple, une expérience a été faite : une très bonne variété de tomate a été cultivée en de manière industrielle en serre sur laine de roche et alimentée par liquide nutritif "chimique". La même a été cultivée sous serre en pleine terre avec fertilisation chimique. Des plants ont été mis en serre, pleine terre et production bio. D'autres ont été cultivés en extérieur, pleine terre. Résultat : récoltés à maturité, les fruits étaient strictement identiques, tous aussi bons les uns que les autres, le jury de test n'a jamais réussi à les départager. Pour finir : un ami, qui voulait abandonner la plantation de tomates à cause des ravages des maladies malgré la bouillie bordelaise, m'a demandé de venir pulvériser ses plants de sa dernière tentative de culture, avec "un bon produit chimique qui marche". J'y suis allé une seule fois, les plantes faisaient 50 cm en extérieur, centre de la Belgique, pas de encore de fruits. J'ai lui ai acheté du Mancozèbe comme matière active, excellent fongicide à large spectre datant de 1961 et se dégradant à l'air libre. Il améliore d'ailleurs de façon significative l'action du cuivre contre plusieurs maladie. Il n'est pas systémique et ne "diffuse" donc pas dans la plante. Les plants ont continué à pousser, ont fleuri et produit, sans que les nouvelles feuilles, fleurs et tomates reçoivent la moindre dose de Mancozèbe. Il a pulvérisé 2 fois du cuivre durant la saison, et était tout content d'enfin pouvoir récolter des tomates... Bon peut-être est-ce un hasard et que tous ses plants ont été épargné par les maladie ou bien ses 2 traitements à la bouillie bordelaise les ont protégés, on ne ne saura jamais. La question : les tomates qu'il a consommées sont-elles bio ? A mes yeux oui. Mais je grimace tout de même, car l'oxyde de cuivre n'est pas bon pour la santé !
Voilà, voilà... une partie de mes opinions, et pistes de réflexions
Hé, je précise que je n'ai rien pris mal en vous lisant et je suis actuellement de très bonne humeur, hein !
Et je respecte tout naturellement vos points de vue et les choix de chacun.
Dernière édition par Lacroisette le Dim 13 Déc 2009 20:38, édité 1 fois.