Jeu 15 Déc 2011 18:27 par Anonyme22
10oct10 : TUTA ABSOLUTA, Attila de la tomate
Tuta absoluta.
Une menace qui pourrait tourner au cauchemar pour les jardiniers qui bichonnent la tomate en leur jardin.
Tuta absoluta, son nom laisse peu d'espoir à ce sujet, est un ravageur qui peut causer des dégâts très importants sur la tomate, allant de 50% à 100% de dégâts. Sous ce nom, se cache un petit papillon nocturne, grisâtre, qui dépose ses oeufs sur le feuillage de la tomate. La larve se présente sous la forme d'une chenille. Des images de la bestiole et des dégâts qu'elle cause sont disponibles sur le web. C'est ici : CLIC
L'article ci-dessous reprend largement les informations publiées dans la revue Alter Agri N° 103, revue des professionnels et passionnés de l'agriculture biologique, et dans les 4 saisons du jardin bio N°183, revue des jardiniers bio.
Ce papillon originaire d'Amérique du Sud a fait son apparition en Europe en 2006, d'abord en Espagne.
Il est signalé en France en 2008, en Corse, concomitamment au pays du Maghreb. En 2009, il est signalé en PACA, Rhöne-Alpes, Languedoc Roussillon. En janvier 2010, des individus sont signalés pour la 1° fois en pays de Loire et en Bretagne. Le Royaume-Uni et la Hollande sont contaminés. Autant dire que l'affaire est faite, Tuta Absoluta fait partie désormais du paysage, et ça risque de faire mal.
D'autant que les solutions de lutte efficaces à 100% n'ont pas encore fait leurs preuves, aussi bien en maraîchage conventionnel qu'en maraîchage biologique.
Mais avant d'examiner les moyens de se protéger, faisons connaissance avec ce papillon envahisseur.
Qui est Tuta Absoluta ?
Tuta absoluta est un petit lépidoptère (papillon), d'apparence terne, gris-brun. Il pond de nombreux (40 à 200) petits oeufs (0,22mm x 0,36mm) sur la tomate ou sur d'autres légumes de la même famille des solanacées (pomme de terre, aubergine, ...). Des plantes sauvages sont également hôtes de Tuta Absoluta, comme la morelle noire. Des oeufs émergent des chenilles qui, en quelques semaines ou quelques mois, vont se transformer en papillons capable d'engendrer de nouvelles générations, au nombre de 10 à 12 par an. L'adulte vit une dizaine de jours. L'insecte passe l'hiver au stade oeuf, chrysalide, ou adulte. Petit détail bon à savoir : l'adulte préfère le bas des plantes pour se reproduire, avec une prédilection pour le lever du jour.
Quels dégâts ?
Les dégâts sont causés par la chenille. Elle creuse des galeries dans la feuille et le fruit, rendant le fruit invendable pour les professionnels. Les professionnels en culture intensive sont les plus touchés, d'abord ceux en serre chauffée, puis ceux en serre froide. Les producteurs bio semblent pour le moment pas ou peu touchés.
Quoi faire ?
La revue Alter Agri et propose des solutions d'urgence :
1. Installation de filets "insect-proof"
2. Détection au moyen de pièges
3. Lutte biologique au moyens de punaise prédatrice (Macrolophus caliginosus) ou de trichogramme par des lâchers de ces organismes
4. Destruction systématique des parties de plantes attaquées
5. Insecticides bio, (BT, Spinosad), mais délicats à manier pour les amateurs : efficacité variable, impact négatif sur les insectes utiles (faune auxilaire), et risque d'apparition de résistances : autant réserver ces produits aux professionnels.
6. Paillage recouvrant intégralement le sol, car la larve y séjourne pour effectuer une partie de son cycle de développement.
De mon côté, je préfère explorer d'autres pistes, plus naturelles, c'est-à-dire qui s'appuie sur la résistance de la plante, et la diversité de l'environnement (flore et faune).
Voici donc la stratégie que je compte adopter, mais attention, elles n'engagent que moi !
Les pistes du jardinage naturel façon Terre d'Humus :
1. Je fais l'hypothèse qu'une plante en bonne santé dans un sol en bonne santé est plus résistante.
Cela est souvent vérifié sur le doryphore et la pomme de terre. Comment expliquer parfois que chez deux jardiniers voisins, l'un est envahi de doryphores alors que l'autre n'en a pas vu la couleur d'un ?
2. "Si un ravageur se développe, c'est par manque de prédateurs"
Ce principe doit nous amener à favoriser la présence de prédateurs.
Quels sont-ils ? Des punaises prédatrices, ainsi que des guêpes parasites venant pondre leurs oeufs dans ceux des Tuta ou dans leurs larves. Bien que l'article d'Alter Agri ne le signale pas, li est probable qu'un tel papillon, dont les moeurs se rapprochent de ceux du carpocapse, ver de la pomme, soit victime des mêmes prédateurs. Ainsi, chauve-souris, mésanges, et oiseaux divers seront sûrement des aides pour limiter les populations. Les araignées par leur toile pourront piéger quelques individus. Des carabes au sol goberont certainement quelques pupes.
3. Mettre des bâtons dans les roues de Tuta
Le paillage est décrit comme un frein à son développement. Le BRF étant utilisé en paillage au pied des tomates, il est possible qu'il constitue une barrière.
4. Concrètement
En pratique, voici de mon côté les mesures de précaution prévues pour la saison 2011.
Ces mesures sont fidèles à la voie dans laquelle je mets mes pas : pas d'intervention curatives, je cherche à assurer l'immunité par la santé de la plante et la diversité de l'environnement.
Pour placer la plante dans les meilleures conditions :
- j'attendrai une fenêtre climatique favorable à une croissance rapide et vigoureuse [pas de plantation en période fraîche]
- Mes moyens pour renforcer la santé de la plante et du sol : aucune taille de la tomate, pas d'arrosage (paillage BRF), et un précédent engrais verts. Les purins de plantes, pour les adeptes, seront sans doute utiles. Le choix d'un plant de qualité complètera la prévention.
Pour favoriser les prédateurs :
- les tomates seront plantées dans une planche qui aura préalablement hébergé des engrais verts. Certaines parties seront détruites pour laisser leur place à la tomate tandis que d'autres seront conservés. Ces engrais verts à feuillage choisis pour leur feuillage haut permettront de "masquer" [vue, odeur] le plant de tomate. Des plantes à développement importants (céréales, tournesol, autres ?, ...) introduites dans la planche tomates dissimuleront peut-être les tomates et serviront d'abri aux prédateurs éventuels. Précisons que le tournesol est signalé comme ayant parfois un effet dépressif sur les cultures voisines, et notamment sur la tomate. Prudence donc.
- les nichoirs à mésanges récemment introduits au jardin pour lutter contre le carpocapse feront d'une pierre deux coups je l'espère. Un nichoir à chauve-souris sera installé dès que possible.
- le souci officinal attirant des mirides, qui sont des punaises prédatrices, sera semé également dans la planche tomates.
- un enherbement sauvage et naturel à proximité du jardin renforcera la présence d'auxilaires. Les plantes suivantes, reconnues (ici ) comme favorables à la présence de prédateurs du carpocapse, joueront je l'espère un rôle : panais sauvage, alysse maritime, carotte sauvage, moutarde sauvage. La phacélie est annoncée comme favorisant les carabes, qui sont des sortes de scarabées gros carnassiers
- une haie entourant le jardin crée un écran utile