Bon d'accord c'est pas de l'huile, mais c'est de la Palestine !!!
Je vous invite à découvrir le livre d'un ami qui a vécu 3 ans à Ramallah, comme directeur du centre culturel Français.
Il s'agit de chroniques écrites au fil de son séjour : voici le résumé.
Jours tranquilles à Ramallah
de Gilles Kraemer
Parce qu’il parle allemand, Gilles Kraemer est envoyé en poste à Ramallah, en Cisjordanie ! Le ministère français des affaires étrangères lui confie, en 2004, la direction du tout nouveau Centre culturel en partenariat avec l’Institut Goethe. Pendant trois ans, de la mort de Yasser Arafat aux préparatifs de la « Conférence
de paix de la dernière chance » à Annapolis, il découvre les ambiguïtés de l’histoire immédiate. Surtout, il rencontre une société palestinienne insoupçonnée, vivante et inventive malgré ses propres archaïsmes et la dureté de l’occupation de l’État hébreu qui ne laisse pas indemne d’ailleurs la société israélienne. Sans chapelle ni tribu, l’auteur s’applique à dépeindre les caractères et les situations où le tragique le dispute souvent à l’absurde. Le Candide de Voltaire qui visiterait le royaume du père Ubu… Avec un style plein d’humour à la manière d’un Lawrence Durrell dans ses chroniques diplomatiques, il rapporte l’information qui se cache derrière l’information et retrouve ce que les grands médias – faute de temps et d’attention – omettent dans leur couverture sur ce conflit sans fin : l’immuable pulsion de la vie.
Un témoignage de toute première main.
Disponible en librairie à partir du 1er septembre 2008,
l’ouvrage peut être commandé chez
Riveneuve éditions
75, rue de Gergovie
75014 Paris
www.riveneuve.com
riveneuveeditions@orange.fr
01.45.42.23.85
Le fichier pdf avec bon de commande :
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Pour terminer, une des chroniques, dédiée aux tomates :
Une tomate nommée désir
J’ai mangé ce matin la première tomate du jardin. Sur quelque quatre mètres carrés contre le muret de pierres de la voisine, j’ai planté des tomates, des aubergines et des courges ; du basilic, de la menthe et du thym. J’ai dû le faire un peu tard, car les légumes sont encore en fleurs ou verts en plein cœur de l’été. Deux tomates ont basculé de l’orange vers le rouge clair et j’ai fini par céder à mon impatience. Le fruit est charnu, un peu chargé en eau, légèrement acidulé, peu puissant en goût mais c’est une vraie tomate. C’est une des étrangetés de ces territoires palestiniens pourtant aussi méditerranéens que de n’avoir pas une seule bonne tomate sur les marchés ! À Ramallah, l’écrasante majorité de la production provient des kibboutz israéliens qui n’ont plus rien à voir avec les phalanstères de l’utopie des années pionnières et sont des unités de production intensive et chimique. Résultat : des tomates cueillies vertes, qui virent à l’orange dans leurs barquettes et finissent par rider plutôt qu’elles ne mûrissent sur le rebord de ma fenêtre. Sur les marchés du centre-ville, derrière la grande mosquée aux minarets jumeaux, les fruits et les légumes paraissent gonflés, poussés en force, truffés d’engrais et d’OGM. Les pommes sont comme des pamplemousses ; les pamplemousses, comme des melons ; les melons, comme des pastèques… Côté palestinien, les producteurs d’Hébron, de Jéricho ou de Jénine adoptent bientôt les techniques israéliennes. A Gaza, c’est aussi le cas, où les serres des colons partis depuis le retrait ont fait l’objet d’âpres négociations pour être reprises par des agriculteurs palestiniens. Les neuf dixièmes de ces tomates, bloquées au passage de Karmi dans leur exportation vers Israël ou vers l'Europe depuis qu’un soldat a été enlevé par des brigades palestiniennes en juin, ont fini par être déversés sur les routes par leurs producteurs ruinés. Quatre mille ouvriers agricoles ont été licenciés dans l'attente d'une amélioration de la situation... qui ne vient pas et tout ne passe à Gaza qu'au compte-gouttes, jusqu'à l'électricité qui vient d'Egypte ou d’Israël et qui n'assure que 8 heures de courant par jour dans les maisons. Jusqu'à l'eau qui ne peut être tirée que par des pompes électriques. Sur les marchés aujourd'hui, les dernières tomates atteignent désormais des prix élevés.
Ici « dans la montagne » aux modestes dimensions de Ramallah, si tout le monde a quelques arpents de terre avec des terrasses d’oliviers pour presser son huile et battre son savon, il est rare en revanche de voir des potagers privatifs autour des maisons sur les collines alentours. Une tomate rouge reste et demeure chose rare. J'ai une quinzaine de ces « pommes d'amour » dans mon jardin.
Ramallah, le 18 août 2006
Gilles Kraemer.
Voila, merci pour lui