Une journée prise sur l' hiverUn matin frais où le bol de café réchauffe les mains. Un léger brouillard derrière lequel je devine un ciel bleu et clair. Je suis bien emmitouflé, assis sous le chêne. Le potager se dessine toujours dans ma tête. C' est changeant, tourbillonnant, mais plus raisonnable. Je me perds dans mes réflexions. Quand je reprends contact avec le monde autour de moi, le soleil brille, le brouillard a disparu.
La douceur s' installe, trompeuse ; les oiseaux chantent le printemps.
Non, pas encore, les amis. C'est trop tôt. Mais c'est bien assez tôt pour voler une journée de travail à l'hiver.
J' ai récupéré des rondins de pins sur un chantier d' élégage.
Je vais m'en servir pour faire une bordure à la seconde butte, qui a tendance à s' affaisser ; je vais en profiter pour doubler sa longueur.
La houe est l' outil idéal pour ma terre sablonneuse. J 'avance vite.
J' avais également récupérer de l' argile, dans l' idée de faire une mare. Je vais m'en servir pour prolonger la butte et m' assurer ainsi une réserve d' humidité. Je finirai la butte plus tard.
Le carré de choux arrive à son terme.
Je trace rapidement un sillon à la houe, un coup de griffe pour désherber, principalement du mouron.
Je plante des oignons jaunes, trois rangs en quinconce.
Un nouveau sillon pour un rang de carottes Cosmic purple.
Puis un autre sillon pour des oignons rouges. Je recouvre le tout de branchages -les chats, ah... ! Les chats....-
Le potager, de ce côté-là, est bien avancé.
Je sais que je dois mettre à profit le moindre beau jour d'hiver pour m'avancer dans mes travaux de printemps. Je suis serein. Paisible. Pas de geste inutile.
Je respire doucement. Le soleil est si doux...Ressentir son corps, s'arrêter, s' agenouiller, observer cette terre, fraîche mais si pleine de vie. Etre heureux, tout smplement. Et espérer et rêver de futures récoltes.
Je me perd dans les choux frisés. Je veux en semer davantage cette année.
Assis au milieu de ce qui devient une mini-forêt, je m' égare à nouveau dans mes rêveries.
Comment croire qu'un potager n' offre aucune beauté ? Je rebondis sur les feuilles d' un chou palmier.
Ma Promise m'appelle ; elle a tressé les jeunes saules.
Encore une pause, un café. Le soleil bascule, il fait plus froid. Une récolte pour le repas du soir.
Et le soleil disparaît.
Cette journée de travail a été entrecoupée de nombreuses fois, par le repas familial, par des discussions, des promenades, des rires, des réflexions, du silence.
J' ai pris une journée à l' hiver, une si belle journée !