Bonjour à toutes et à tous,
Quelques compléments à ces commentaires avisés sur la génétique :
Avant qu'on ne décode entièrement le génome humain en 2003, les généticiens pensaient que pour synthétiser les 100 000 protéines structurales et fonctionnelles d'un corps humain, il fallait 100 000 gènes. Mais lorsque tous les laboratoires ayant participer à l'aventure ont mis en commun leur résultat, la surprise fut totale, le génome humain n'est formé que de 25 000 gènes (moins qu'une tomate). L'aventure ne faisait que commencer, il restait à décrypter le protéome (la synthèse des 100 000 protéines). Décrypter un génome est une chose, appréhender un organisme en son entier s'avère chose moins aisée.
Vous l'avez très bien dit, la mutation est un mécanisme normal et aléatoire. Mais les végétaux y sont particulièrement sensibles, à cela deux raisons :
- Une composante génétique, héritage du temps où les végétaux n'avaient pas encore produit suffisamment de dioxygène (O2) pour former une couche d'ozone (O3) susceptible de stopper les rayons Ultra-Violet du soleil. De nombreux végétaux sont dotés de centaines de gènes, vestige d'un temps ou la sélection naturelle favorisait les organismes dotés de nombreux exemplaires du même gène. Plus un gène existe en de nombreux exemplaires, et plus il y a de chances qu'en subsiste une version non mutée qui pourra être transmise par les cellules reproductrices (Les UV rompent les liaisons thymidiques des bases azotées de l'ADN (pour ceux à qui ça parle)).
- Une composante environnementale, il suffit de voir l'action des pesticides, insecticides et autres fongicides sur les humains pour comprendre que les végétaux eux aussi sont soumis à ces nouvelles molécules mutagènes (sans compter que l'association de ses molécules est plus active que les molécules isolées).
Ces deux composantes contribuent à une facilitation des végétaux à se "laisser muter" assez facilement. Les bactéries qui évoluent depuis plus de trois milliards d'années sont capable de muter volontairement ou de s'échanger des gènes.
Ce sont ensuite les paléontologues qui ont surpris par leur avancée sur la génétique (je passe volontairement sous silence les OGM de peur de créer un débat ou de dire des choses qui ont déjà été écrites ici).
Dans leur quête éperdue de ce rêve consistant à recréer un dinosaure, ils se sont retrouvés confrontés à de graves déconvenues. Certes l'espoir fleurissait dans les bribes d'ADN récupérées dans l'ambre (façon jurassik park) ou dans la moelle d'os particulièrement bien conservés, mais il a fallu se faire une raison, jamais il ne sera possible d'y parvenir de cette manière.
Qu'à cela ne tienne, quelques scientifiques se sont dit "puisque les oiseaux sont les descendants des dinosaures, peut être qu'ils ont encore en eux des gènes éteints de dinosaure".
Sur ce, j'te chope des embryons de poule, un p'tit coup d'agent mutagène sur des parties d'ADN non codantes, un soupçon d'enzymes et j'obtiens... une poule avec des dents (la première en 2006).
Où est ce que je veux en venir? Mais c'est bien simple, bientôt on pourra mettre une photo à la place d'un dessin en guise de logo du site
Je veux en venir au fait que les tomates elles aussi ont des gènes éteints depuis les siècles que l'Homme la cultive, de la même manière que nous avons perdu nos poils à force de nous vêtir avec les poils d'autres animaux. Il y a fort à parier que nos tomates actuelles auraient toute les peines du monde à pousser dans les conditions auxquelles étaient soumises les premières tomates sauvages.
Ce que je veux dire en définitive, c'est que s'il est difficile de déterminer quelle doit être la norme, la référence en terme de génétique, il ne suffit pas de se demander par rapport à quoi cette norme doit être établie, mais aussi par rapport à quand.
Vous connaissez sans doute les travaux de Pascal POOT, j'ignore si ce Monsieur a des connaissances en génétique ou s'il a avancé à l'instinct, mais à force de sélection, il semblerait que ses plantes poussent sans eau (ou très peu), ce n'est pas pour rien que la NASA s’intéresse à ses travaux, seule une culture végétale (avec le moins d'eau possible) permettra les longs voyages spatiaux. C'est d'ailleurs dans l'apesanteur de l'espace qu'a été mis en évidence le gravitropisme racinaire.
Pour en terminer, décrypter le génome tomatien est une entreprise louable, mais les séquences intergènes (parfois plus longues que les gènes eux-mêmes) semblent avoir plusieurs actions (entre autres rôle d'activateurs, de modérateurs, d'inhibiteurs lors de la traduction par les ribosomes). De même qu'au sein des gènes eux-mêmes existent des parties non codantes (appelées introns) dont on ignore le rôle (mais dont on est persuadé qu'elles en ont un).
Bref, idéalement, je crois que l'expérience des anciens et son propre empirisme sont les données les mieux à mêmes de nous satisfaire.
Allez, je me calme, j'ai le clavier qui fume, à bientôt.