Le
mildiou (late blight en anglais) est du à un champignon microscopique, « phytospora infestans ». Cette maladie peut causer de grands dégâts. C’est l’ennemi n° 1 des tomates cultivées au jardin. Le mildiou se manifeste quand le temps est humide et les températures douces. Ces conditions sont favorables au développement du champignon, dont les spores peuvent être produites en moins de 10 jours. Les spores sont transportées par le vent sur de grandes distances. Elles se déposent sur la plante et germent à l’humidité. Dans certaines conditions, le développement de la maladie peut être très rapide et détruire la plantation en quelques jours seulement : les plants apparaissent alors comme « grillés ». Les symptômes sont caractéristiques et commencent généralement pas les feuilles, puis les tiges et les fruits.
Symptômes sur les feuilles :
On voit apparaitre des taches vertes foncées puis grises et enfin brunes. Les contours de ces tâches ne sont pas nets. Elles apparaissent d'abord aux extrémité et sur les côtés des folioles. Ces taches grandissent rapidement, sont d'abord molles puis se désèchent. Si le temps est humide, on voit se développer sur la face inférieure des taches des filaments mycéliens du champignon.
Symptômes sur les tiges :
On voit apparaitres des taches brunes souvent allongées qui rapidement encerclent les tiges.
Symptômes sur les fruits :
On voit apparaitres des taches diffuses verdatres puis brunes, sur le haut ou sur les côtés des fruits verts, même très petits. Les taches s'agrandissent et ont un aspect marbré caractéristique, comme du cuir.
La lutte contre le mildiou est essentiellement préventive en pratique bio ou respectueuse de la nature.
1. Eviter les conditions favorables d’apparition : - Bon développement des plants, vigoureux : sol équilibré, riche, pas d’excès d’azote (qui nuit d’ailleurs à la fructification).
- Eviter toute stagnation de l’eau sur la plante (en effet les spores ne peuvent pas germer sur des feuilles sèches) : espacer les plants pour l’aération, éventuellement couvrir en cas de pluies trop fréquentes, éviter les enchevêtrements de feuilles qui conservent l’humidité (c’est souvent dans ces zones de contact entre feuilles qu’apparaissent les premières traces).
- Ne pas arroser les feuilles
2. Traiter préventivement les plants : -
Traitement à la bouillie bordelaise. La bouillie bordelaise est une préparation contenant du sulfate de cuivre et de la chaux. Le cuivre est l’élément actif. Nous traitons de cette façon : une pulvérisation de solution de bouillie bordelaise deux à trois semaines après la plantation si le temps est humide et doux. Sinon, nous ne traitons pas à cette étape. Ensuite, nous traitons sur les plants d’environ 50 cm (vers juin), puis quand ils atteignent 1 mètre et que les tomates sont formées (vers fin juin). Nous traitons ensuite quand les plants ont atteint 1.50 m (en juillet).Un dernier traitement est fait en août, selon les conditions météo quand les plants sont étêtés. Les dates des traitements sont en fait déterminées par les conditions climatiques. Nous traitons après une période pluvieuse. Si les périodes pluvieuses se répètent, il faut traiter plus souvent (tous les 10 jours, comme cette année !). Au contraire en cas de période sèche prolongée il est inutile de traiter.
Globalement nous avons observé que le mildiou se développe surtout quand de l’eau reste plusieurs jours sur les plantes, par défaut d’évaporation. C'est-à-dire quand des périodes humides se prolongent (plusieurs jours de pluie, temps gris et frais en été, orages répétés, brouillard en automne). Au contraire, si les pluies sont suivies d’un assèchement rapide (orage, puis beau temps sec, vent sec), le mildiou ne semble pas se développer. En effet pour se développer les spores du champignon germent à la surface de la plante en présence d’eau. Puis ensuite les filaments mycéliens pénètrent dans les tissus de la plante. Si la présence d’eau en surface est trop courte, le processus de germination des spores ne peut pas se poursuivre. De même c’est à ce moment que le cuivre de la bouillie bordelaise empêche le développement du champignon. Par contre si le mycélium s’est introduit dans les tissus, les traitements ne sont quasiment plus efficaces.
-
Traitements préventifs alternatifs : On peut fortifier les plants et les protéger des attaques de mildiou (et aussi d’autre maladies) en utilisant les techniques suivantes :
La technique du fil de cuivre : elle consiste à traverser la tige par une tige de cuivre (fil électrique) un dizaine de cm au dessus du niveau du sol. Le fil de cuivre libèrerait progressivement le cuivre qui protège contre le développement du champignon (efficacité non testée).
Les autres préparations au cuivre : oxyde de cuivre. Permet d'utiliser des doses moins élevées de cuivre.
La décoction de prêle : cette préparation est un fortifiant et un fongicide naturel. En pulvérisation sur les plants de tomates, elle les protège contre certaines maladies. Voir notre recette de décoction de prêle.
3. Réagir rapidement en cas d’attaque : - Ce sont les feuilles qui sont atteintes en premier : des taches grises apparaissent sur les bords des feuilles. Le limbe devient mou puis se dessèche. Les taches s’agrandissent. Couper immédiatement ces feuilles et les enfouir au compost ou les bruler (ne pas les laisser à l'air libre). C’est de cette surveillance quotidienne qu’une attaque de mildiou peut être évitée.
- Traiter immédiatement après élimination des feuilles malades.
- Au niveau des tiges, des ramifications, des pétioles des feuilles, des pédoncules des fleurs et fruits, on voit apparaître des taches brunes, sur un côté de la tige d’abord puis ensuite circulaires (il est alors trop tard : la tiges doit être supprimée).
- Sur les tomates, il apparaît des taches brunes marbrées sur les fruits petits et verts. Trop tard aussi : éliminer les fruits atteints voire arracher le pied entier si l’attaque porte sur plusieurs endroits.
- De manière générale, il est essentiel de bien surveiller les conditions climatiques et les premiers signes. Si l’attaque est déjà importante, il devient impossible de l’enrayer par des méthodes naturelles.
Traitement non biologiques :
On trouve bien sûr dans le commerce des produits phytosanitaires
non compatibles avec la culture biologique destinés à lutter contre le mildiou :
Ce sont des fongicides qui contiennent des substances plus ou moins nocives pour l’environnement et pour la consommation : seules les substances suivantes sont autorisées au jardin pour traiter le mildiou :
Mancozèbe
Manèbe
Cymoxanil
Azoxystrobine
Metiram-zinc
(Zinèbe, pas autorisé en France)
Tous ces produits agissent comme le cuivre de la bouillie bordelaise en
inhibant la germination des spores de phytospora, et n'ont donc qu'une action préventive en limitant l'infection,
sauf le cymoxanil et l'atoxystrobine qui agissent selon des modes différents :
Le cymoxanil pénêtre les tissus rapidement et inhibe la biosynthèse des acides nucléiques, des lipides et des acides aminés. Il modifie la perméabilité cellulaire et stimule les défenses naturelles. Son action est préventive et curative si l'attaque a moins de 3 jours.
l'azoxystrobine inhibe le complexe III de la chaine respiratoire mitochondrienne (ubiquinone). elle possède des propriétés systémiques locales et translaminaires. Azoxystrobine agit de manière protective.
Notons que sur ces substances, une seule peut avoir une action curative sur une germination de mildiou de moins de trois jours. Les autres agissent par protection, préventivement.
Même si certains de ces traitements chimiques ont une efficacité (d'après l'expérience de certains de nos membres d'une part et d'après les tests effectués par des laboratoires d'autre part), leur impact environnemental devrait, d'après nous, dissuader les jardiniers soucieux de la nature de les utiliser.
Sur le mildiou et d'autres maladies courantes des tomates suivez ce lien vers notre site :
Maladies des tomates
Dernière édition par
Tomodori le Jeu 10 Juil 2008 21:55, édité 4 fois.