Il peut arriver que l'on se perde de longs jours dans un jardin pas plus grand que cela.
Que la contemplation remplace l'envie de partir ailleurs.
Je me suis perdu, je me perds encore avec délice dans ce jardin fouillis, potager, fleuri, fruitier.
Nous savourons de plus en plus ce petit bout de terre que nous modelons par petites touches ; nous dialoguons en permanence avec cette terre et ces plantes, j'ignore le langage que nous parlons, il n'est pas fait de mots, mais ce monde végétal nous rend avec bonheur ce que nous lui donnons en soins et en entretien.
Nous nous asseyons parfois, sous l'ombre d'un chêne, sur notre butte monumentale ; nous déplaçons deux chaises, changeant d'endroits et de perspectives.
Nous n'avons encore jamais autant apprécié tous ces moments. Sans bouger de chez soi. Une plénitude d'une telle ampleur !
Nous trouvons que cette année la masse végétale est sans commune mesure avec celle des années passées, et pas seulement dans notre jardin ; une exubérance générale, peut-être due aux conditions climatiques de cette fin d'hiver et de ce printemps.
Les récoltes sont plus abondantes, exemptes de maladie ou de ravageurs ; nous frôlons l'overdose de radis...Les graines, que je jugeais trop vieilles, ont toutes germé.
Et que dire des fraises ?
Allez ! Deux kilos pour la confiture, et deux kilos pour la glace !
D'une cuisine à une autre, sous le chêne près de la cabane, en ce moment, cela ressemble à ça :
De la prêle dans le seau, et, dans la bassine, un mélange d'ortie, de consoude et de pissenlit.
C'est ma nouvelle résolution de cette année : les extraits végétaux, les décoctions.
Je m'étais promis de m'occuper sérieusement des arbres fruitiers qui étaient à la peine, par un manque évident de soins et d'intérêt de ma part.
J'ai passé l'hiver a brosser les branches, j'ai blanchi les troncs, j'ai paillé avec des écorces de bois blancs décomposées, j'ai pulvérisé les ramures avec de l'urine, je les ai poudrées avec du lithotamme. J'ai failli arraché des pêchers et des pruniers moribonds et j'ai ben fait de ne pas le faire.
Cela faisait des années que la cloque du pêcher ravageait mes jeunes arbres ; je laissais plus ou moins faire, cueillant à la fin le feuillage infesté qui remplissait des seaux entiers et je contemplais tristement ces pauvres pêchers dépenaillés et sans fruits.
J'avais lu qu'il fallait arracher sans hésiter les arbres attaqués pour éviter la contamination générale.
J'étais à deux doigts de le faire.
Mais cette année, dès l'apparition des premières cloques, j'ai enlevé les feuilles attaquées et j'ai pulvérisé de la décoction de prêle sur le feuillage.
Je n'ai jamais eu de pêchers aussi beaux : le feuillage est dense et magnifique, et surtout, surtout, les arbres sont chargés de fruits :
Le carré -rectangulaire- de pommes de terre, plantées en trois périodes différentes, parce que je me méfie des gelées tardives, avec raison ; curieusement, ce sont les toutes jeunes pousses qui ont subi le coup de gel d'il y a quelques jours ; les plants plus développés sont indemnes. Je les avais également pulvérisés avec de la décoction de prêle, j'ignore si cela a joué ou pas ; d'autres plants de pommes de terre, encore plus développés, plantés dans une autre parcelle, ont aussi échappé au gel, ils ont été aussi pulvérisés à la décoction de prêle.
Je n'ai aucun recul, c'est la première année que je procède ainsi.
Je pense qu'il s' agit de la combinaisons des soins apportés, des traitements, de la météo printanière étrange mais pas vraiment lamentable.
Les fruitiers sont beaux, surtout les pommiers et les pêchers.
J'ai encore du mal avec les poiriers -pas de fleurs cette année- mais un beau feuillage.
Les pruniers moribonds ont repris de la vigueur, de nouveaux rameaux apparaissent là où je voulais couper sévèrement, il y a même quelques fruits.
L'exubérance s'exprime aussi au potager.
Les chaleurs du mois d'avril nous ont privé de roquette, qui a monté rapidement ; nous nous sommes rattrapés sur les salades et les radis.
J'ai préféré échelonner les fèves, avec un semis d'automne, et un semis printanier.
Les premières fèves seront bientôt dans nos assiettes.
Avril aura été un mois problématique pour les semis : trop de chaleur pour des plantules fragiles et peu développées comme les panais : j'ai paillé par deux fois avec de l'herbe tondue, et j'ai semé dru, avec les graines de panais, des graines de radis, de salades et de choux. Les feuilles de radis ont rempli leur office en protégeant les jeunes plantules de panais des ardeurs du soleil.
Une nouvelle construction dans le potager : je relis les deux abris à tomates
Mais ça, c'est une autre histoire, tant il est vrai que les semis de tomates furent épiques, cette année...