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Rappel : Conditions générales d'utilisation - Les règles d'insertion des photos sur ce forum - Charte des échangesSlow Food Last but not least
Sam 18 Oct 2014 23:21
Last but not least
« Papa, viens voir »
Ma fille de 6 ans alors venait de me tirer de mon sommeil. Il faisait chaud et lourd ce jour d’été, un temps à faire la sieste si les mouches veulent bien vous laisser tranquille. Il avait beaucoup plu, des orages, mais le beau temps était revenu depuis quelques jours.
Je sortais péniblement de mon sommeil, en râlant. Il ne fait jamais bon réveiller un ours qui dort, et si ma fille l’avait fait c’est qu’il devait avoir une bonne raison. Grognon, je m’habillais pour la rejoindre. Elle me tendit un panier, celui qui sert à récolter les champignons. Je me chaussais de mes bottes et nous voilà partis dans les bois.
« Tu sais je les ai jamais vu ceux là mais ils sont beaux, tu m’en veux pas de t’avoir réveillé »
J’étais toujours dans un demi sommeil, et je ne savais que lui répondre. Les enfants trouvent toujours des trésors, pommes de pin, bâtons, cailloux et autres plumes. Pas de quoi réveiller un ogre tout de même.
« Mais non, ma chérie, de toute façon je n’avais pas sommeil »
Après tout j’étais réveillé et son enthousiasme eut rapidement raison de ma mauvaise humeur. Elle me guidait d’un pas décidé sur le chemin de Lapergue, au sortir du village. Nous prenions souvent ce parcours pour aller chercher les champignons, et elle m’avait tendu le panier qui va avec. Un trésor ? Qu’est ce qu’elle en savait du haut de ses six ans ?
On descendit le pré de Carray, le long de la forêt, en contrebas du chemin de la mine. Elle marchait d’un pas décidé, ignorant quelques russules anonymes aux coloris délavés.
« C’est pour ça que tu m’as réveillé ? »
Mes reproches n’arrivaient pas à avoir raison de sa détermination, elle me tira du bras vers le fond du pré. Elle tendit son petit doigt vers sa découverte.
Une rangée entière de champignons ! Tous alignés, le long du bois à trois mètres de la forêt. Bien dressés comme des petits soldats, se tenant fiers.
« C’est quoi Papa ? »
Elle venait de me tirer de mon lit pour une découverte formidable. Des amanites des Césars, ou oronges, un champignon rare et très recherché à la saveur fine et parfumée. On en trouve des cèpes, des kilos, on tombe souvent sur des tapis de trompettes de la mort, on croule parfois sous des cageots de girolles ou de coulemelles, mais des oronges ! C’est rare, pas tous les ans, parfois dix saisons sans en trouver. J’avais consulté des bouquins qui en parlaient, des vieux qui racontaient leurs récoltes issues de leurs souvenirs approximatifs, j’en avais déjà vu deux ou trois fois au marché à des prix prohibitifs, amis je n’en avais jamais trouvé. Et c’est une petite fille de six ans qui m’y amenait en me pointant son petit doigt comme pour s’excuser.
« Ils sont bons ceux là ? »
Amanites des Césars à la crème
Allez cueillir un chapeau, un panier ou tout ce que récipient peut contenir d'oronges à peines ouvertes.
Nettoyez les, coupez les en morceaux
Faites les revenir dans un peu de beurre, jusqu'à ce que l'eau physiologique soit évaporée
Versez un peu de crème fleurette et laissez napper à feux doux
Salez, poivrez, ne rajoutez ni ail, ni persil, les oronges sont subtiles et délicates.
Servez chaud sans rien d'autre.
Les oronges jeunes se mangent crues en salade ou nature. Arôme plus puissant et frais.
Voilà, dernier Slow Food, merci de m'avoir lu
Peyo
« Papa, viens voir »
Ma fille de 6 ans alors venait de me tirer de mon sommeil. Il faisait chaud et lourd ce jour d’été, un temps à faire la sieste si les mouches veulent bien vous laisser tranquille. Il avait beaucoup plu, des orages, mais le beau temps était revenu depuis quelques jours.
Je sortais péniblement de mon sommeil, en râlant. Il ne fait jamais bon réveiller un ours qui dort, et si ma fille l’avait fait c’est qu’il devait avoir une bonne raison. Grognon, je m’habillais pour la rejoindre. Elle me tendit un panier, celui qui sert à récolter les champignons. Je me chaussais de mes bottes et nous voilà partis dans les bois.
« Tu sais je les ai jamais vu ceux là mais ils sont beaux, tu m’en veux pas de t’avoir réveillé »
J’étais toujours dans un demi sommeil, et je ne savais que lui répondre. Les enfants trouvent toujours des trésors, pommes de pin, bâtons, cailloux et autres plumes. Pas de quoi réveiller un ogre tout de même.
« Mais non, ma chérie, de toute façon je n’avais pas sommeil »
Après tout j’étais réveillé et son enthousiasme eut rapidement raison de ma mauvaise humeur. Elle me guidait d’un pas décidé sur le chemin de Lapergue, au sortir du village. Nous prenions souvent ce parcours pour aller chercher les champignons, et elle m’avait tendu le panier qui va avec. Un trésor ? Qu’est ce qu’elle en savait du haut de ses six ans ?
On descendit le pré de Carray, le long de la forêt, en contrebas du chemin de la mine. Elle marchait d’un pas décidé, ignorant quelques russules anonymes aux coloris délavés.
« C’est pour ça que tu m’as réveillé ? »
Mes reproches n’arrivaient pas à avoir raison de sa détermination, elle me tira du bras vers le fond du pré. Elle tendit son petit doigt vers sa découverte.
Une rangée entière de champignons ! Tous alignés, le long du bois à trois mètres de la forêt. Bien dressés comme des petits soldats, se tenant fiers.
« C’est quoi Papa ? »
Elle venait de me tirer de mon lit pour une découverte formidable. Des amanites des Césars, ou oronges, un champignon rare et très recherché à la saveur fine et parfumée. On en trouve des cèpes, des kilos, on tombe souvent sur des tapis de trompettes de la mort, on croule parfois sous des cageots de girolles ou de coulemelles, mais des oronges ! C’est rare, pas tous les ans, parfois dix saisons sans en trouver. J’avais consulté des bouquins qui en parlaient, des vieux qui racontaient leurs récoltes issues de leurs souvenirs approximatifs, j’en avais déjà vu deux ou trois fois au marché à des prix prohibitifs, amis je n’en avais jamais trouvé. Et c’est une petite fille de six ans qui m’y amenait en me pointant son petit doigt comme pour s’excuser.
« Ils sont bons ceux là ? »
Amanites des Césars à la crème
Allez cueillir un chapeau, un panier ou tout ce que récipient peut contenir d'oronges à peines ouvertes.
Nettoyez les, coupez les en morceaux
Faites les revenir dans un peu de beurre, jusqu'à ce que l'eau physiologique soit évaporée
Versez un peu de crème fleurette et laissez napper à feux doux
Salez, poivrez, ne rajoutez ni ail, ni persil, les oronges sont subtiles et délicates.
Servez chaud sans rien d'autre.
Les oronges jeunes se mangent crues en salade ou nature. Arôme plus puissant et frais.
Voilà, dernier Slow Food, merci de m'avoir lu
Peyo
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 02:35
Peyo a écrit:Voilà, dernier Slow Food, merci de m'avoir lu
ça nous manquera
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 06:05
Effectivement ça va nous manquer, c'est la fin d'une belle histoire.
Nous tournons la page ...et c'est déjà la fin du livre . Refermons le bouquin , fermons les yeux , nous relisons le livre est là , bien là .Bien sûr nous n'avons pas tout emmagasiner dans notre petite tête de linotte ,mais pour l'essentiel nous allons nous en rappeler .
Nous allons tous nous en souvenir mais comme nous ne pouvons pas vivre qu'avec des rêves et des regrets , rappelons-nous que l'espoir fait vivre .
Nous allons retourner chez le libraire, fouiller sur ses étagères et prendre un autre bouquin . Bouquin ,qui sera peut-être pas aussi passionnant que celui que nous venons de fermer ,tout au moins au début mais après ça sera bien quand même, peut être mieux ou pas..... Cela nous ne le serons qu'à la fin du prochain livre. Alors nous retournerons en chercher un , puis un autre
En espérant que les renseignements ( et dans renseignement il y a enseignement ) récoltés ne seront pas mis au pilori et détruits à tout jamais...
L'esprit Tomodori sera là avec les belles rencontres, les prises de bec , les contradictions de certains , les certitudes erronées d'autres , la poésie , les taquineries , les blagues , les échanges et ce que je n'avais pas trouvé ailleurs cette convivialité bon enfant .
Remercions Lionel et Laurent pour ses pages que nous venons de lire j'aimerais tant les relire cela ne sera pas possible cet ouvrage va "autodétruire " bientôt .
En mon nom je vous remercie pour ces quelques années passées avec vous et pour ce que j'ai appris, grâce à vous mais aussi grâce à tous les "tomodoriens " croisés ici.
Merci à tous
Nous tournons la page ...et c'est déjà la fin du livre . Refermons le bouquin , fermons les yeux , nous relisons le livre est là , bien là .Bien sûr nous n'avons pas tout emmagasiner dans notre petite tête de linotte ,mais pour l'essentiel nous allons nous en rappeler .
Nous allons tous nous en souvenir mais comme nous ne pouvons pas vivre qu'avec des rêves et des regrets , rappelons-nous que l'espoir fait vivre .
Nous allons retourner chez le libraire, fouiller sur ses étagères et prendre un autre bouquin . Bouquin ,qui sera peut-être pas aussi passionnant que celui que nous venons de fermer ,tout au moins au début mais après ça sera bien quand même, peut être mieux ou pas..... Cela nous ne le serons qu'à la fin du prochain livre. Alors nous retournerons en chercher un , puis un autre
En espérant que les renseignements ( et dans renseignement il y a enseignement ) récoltés ne seront pas mis au pilori et détruits à tout jamais...
L'esprit Tomodori sera là avec les belles rencontres, les prises de bec , les contradictions de certains , les certitudes erronées d'autres , la poésie , les taquineries , les blagues , les échanges et ce que je n'avais pas trouvé ailleurs cette convivialité bon enfant .
Remercions Lionel et Laurent pour ses pages que nous venons de lire j'aimerais tant les relire cela ne sera pas possible cet ouvrage va "autodétruire " bientôt .
En mon nom je vous remercie pour ces quelques années passées avec vous et pour ce que j'ai appris, grâce à vous mais aussi grâce à tous les "tomodoriens " croisés ici.
Merci à tous
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 06:07
ça nous manquera ,+1 
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 07:30
vous me faites pleurer de nouveau en me rappelant qu'il n'y aura plus jamais les belles histoires culinaires de Peyo
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 07:42
La délicatesse d'un automne dans l'assiette, moi je les aime bien les belles histoires, pourquoi faut-il en voir la fin... Merci Peyo !
Re: Slow Food Last but not least
Dim 19 Oct 2014 08:28
Peyo est un conteur hors pair qui nous invite à découvrir une nature vivante et vivifiante.
N'oublions pas que les forêts sont nombreuses et variées. Celle de Tomodori va se figer, il est possible de laisser faire la nature pour nous guider vers une nouvelle forêt.
Merci Peyo.
N'oublions pas que les forêts sont nombreuses et variées. Celle de Tomodori va se figer, il est possible de laisser faire la nature pour nous guider vers une nouvelle forêt.
Merci Peyo.
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 08:14
Superbes champignons que ceux là ... A en manger son écran !
Je me souviendrai de ta recette : une simple crème pour garder leur subtilité.
Les pages de ce livres sont belles, jusqu'au bout. Merci
Je me souviendrai de ta recette : une simple crème pour garder leur subtilité.
Les pages de ce livres sont belles, jusqu'au bout. Merci
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 08:36
Jusqu'au bout, nous aurons de belles histoires,
jusqu'au bout, les passionnés posterons leurs photos et leurs impressions.
Merci Peyo, sauvegarde tes slow food, s'il te plaît, cela fera du bien de les relire à nouveau ailleurs, qui sait ?
jusqu'au bout, les passionnés posterons leurs photos et leurs impressions.
Merci Peyo, sauvegarde tes slow food, s'il te plaît, cela fera du bien de les relire à nouveau ailleurs, qui sait ?
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 09:56
Malheureusement, tes belles histoires culinaires ont été publiées à une période où je pensais à autre chose qu'à manger, à m'amuser ou rêver à l'avenir...
C'est avec plaisir que je me rattrape maintenant...
C'est avec plaisir que je me rattrape maintenant...
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 10:14
la-bande-a-basile a écrit:Peyo est un conteur hors pair qui nous invite à découvrir une nature vivante et vivifiante.
Oui Peyo, tu as une belle plume ! De quoi te reconvertir le jour où tu en auras assez de tes légumes.
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 13:27
Merci à tous
Le hasard et ses coïncidences.
Le jour où Lionel nous faisait part de la fermeture de Tomodori, le rédacteur en chef d'un journal me proposait de publier les récits culinaires que j'ai écrit jusqu'à lors... Il y aura donc une suite à cette aventure que j'ai commencé avec vous.
Le hasard et ses coïncidences.
Le jour où Lionel nous faisait part de la fermeture de Tomodori, le rédacteur en chef d'un journal me proposait de publier les récits culinaires que j'ai écrit jusqu'à lors... Il y aura donc une suite à cette aventure que j'ai commencé avec vous.
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 13:41
Magnifique !
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 13:50
laisse nous savoir quand on peut acheter le livre 
Re: Slow Food Last but not least
Lun 20 Oct 2014 15:52
ah bah dis donc il aura fallu attendre cette fermeture pour avoir un petit slow food ...
merci pour ce récit et vive le SLOW FOOD !
merci pour ce récit et vive le SLOW FOOD !