jpplejardinier a écrit:Les idéologies qui diabolisent l'homme et sanctifient ce qu'ils appellent la nature sont prisonnières des religions monothéistes (particulièrement la chrétienne) qui font de l'homme (en tant que représentant de Dieu sur terre) le maître de la nature puisqu'elle raisonnent elles aussi à partir de l'opposition de deux éléments. Elles se bornent à renverser le couple.
Je me permets une petite remarque, en tant que chrétien : l'Homme n'est pas le représentant de Dieu sur Terre, il fait partie de la Création. Si on reprend la Genèse (qui fait partie de l'Ancien Testament, hérité du judaïsme) il est donné à l'Homme de nommer et de dominer, soumettre les animaux et végétaux. Et c'est ce que nous faisons, nous donnons des noms à chaque espèce, nous cultivons, élevons, pêchons, chassons, nous éliminons parfois (souvent)... Mais nous avons aussi la responsabilité de ce qui est mis sous notre domination, et c'est ce que le Pape François a rappelé dans son encyclique "Laudato Si" (l'écologie humaine) qui a heurté tant de chrétiens (notamment des américains...) qui pensaient pouvoir saigner la planète — pardon, la biosphère — sans arrière-pensée.
Bon, à ce stade, vous devez vous dire : « Et m... on a un catho qui en tient une couche sur le forum ! »
L'Ancien Testament repose beaucoup sur des représentations symboliques du Monde, et non, je ne suis pas un créationniste, je ne prends pas la Bible au pied de la lettre, je n'ai jamais cru que l'évolution s'était faite en 6 jours, j'ai bien suivi les cours de SVT (d'ailleurs ça me passionnait), etc.
Il n'empêche, opposer l'Homme au reste de la biosphère n'est pas une incongruité : bien que nous faisions partie du règne animal (c'est indéniable, nous sommes du règne animal, des vertébrés, plus précisément des mammifères, etc.) nous ne pouvons être confondus avec l'ensemble des autres êtres vivants.
Nous avons vis-à-vis de la Nature d'immenses pouvoirs, nous pouvons choisir de détruire une espèce ou de la préserver voire de la faire croître, nous savons la modifier par sélection, hybridation, transgenèse, édition du génome, etc. Mais parfois nos agissements dépassent ce que nous avions prévu, des espèces deviennent invasives dans des régions où elles n'existaient pas et viennent perturber la biodiversité : à l'inverse des cultures en Amazonie qui ont pu enrichir la biodiversité, on trouve l'introduction des lapins en Australie ou de certains animaux d'Amérique du Nord (tortue de Floride, écureuil gris, etc.) en Europe dont les effets sont objectivement néfastes.
Nous avons aussi un fonctionnement qui diffère de tous les autres êtres vivants, même si certains traits de notre fonctionnement (mais jamais tous à la fois) trouvent une analogie dans telle ou telle espèce.
Alors oui, l'Homme peut contribuer à la bio-diversité, comme il peut lui nuire. À chacun de choisir son camp, sans oublier que l'enfer est pavé de bonnes intentions et qu'en voulant œuvrer à la bio-diversité on peut la déséquilibrer... Parfois, la façon la plus efficace est de limiter au mieux son empreinte, en sachant que chacun de nos actes est susceptible de venir toucher à cette bio-diversité, en bien ou en mal. En cultivant dans mon jardin une plante qui n'est pas du coin, je peux participer à la bio-diversité en ajoutant une espèce qui n'existait pas et qui s'intégrera dans le paysage de manière paisible. Ou alors, faire arriver dans la région une plante qui se répandra et occupera la niche écologique d'autres espèces endémiques, comme la renouée du Japon ou le sumac de Virginie.