Hypero Tomo
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Slow food "La fleur de Sophie"
J’avais le cœur qui battait la chamade. Je m’étais enfin décidé à déclarer ma flamme à Sophie. Des années à la contempler, du coin de l’œil derrière mon bureau.
C’était une vieille école, construite sous Jules Ferry. Il fallait allumer le feu le matin. Chacun était chargé de sa corvée à tour de rôle. Aller chercher le seau de charbon au cellier, vider les cendres de la veille. Allumer le feu, remplir les encriers. Nous y étions. Pendant que la récré battait son plein, deux d’entre nous désignés scientifiquement par mon instituteur de père étions dispensés de jeu de billes ou de marelle pour nous charger des taches d’entretien de l’école.
Heureux hasard paternel tout scientifique qu’il fût me désignait irrémédiablement avec la craquante Sophie. C’était la petite voisine. La fille du fermier. Je m’y rendais le soir pour aller chercher les vaches à l’enclos qui bordait l’école.
Etant d’une fratrie ou seuls les garçons avaient eu le droit de naître, la gente féminine était représentée par ma seule mère. Seule Sophie, du haut de ses dix ans me permettait de rêver pendant ces heures de classe trop longues en récitant les imparfaits du subjonctif inutiles.
Les bureaux en bois massifs étaient dotés de pupitres sous les quels nous nous dissimulions en feignant de rechercher une copie oubliée, une boulette de papier destinée à être catapultée sur un copain trop studieux. Ou à contempler en silence ma délicieuse voisine, trop occupée à finir ses devoirs, incapable de lire dans mon cœur d’enfant qu’il battait trop fort pour elle.
Je me rendais dans le jardin potager de mon père, où ma mère avait un carré réservé pour ses fleurs. Quatre rosiers à peine en boutons, une dizaine de glaïeuls à peine sortis, une jacinthe violette qui exhalait ses parfums de printemps. Je pris mon courage à deux mains et un sécateur de l’autre. Il fallait que j’aille dire à Sophie que le soir je ne pouvais m’endormir sans penser à elle, que je ne pouvais plus respirer sans qu’elle soit à mes côtés, que la vie n’était plus possible à moins de dix centimètres d’elle, que j’allais me jeter dans la mare de son père moi qui ne sais pas nager si elle ne me regardait pas autrement qu’un copain d’école.
Je frappais fébrile à la porte de ma voisine. La lourde porte de ferme, s’ébranlait telle la porte du Paradis qui s’ouvre. Les joues rosies par mon audace, je cru m’évanouir en voyant non pas ma délicieuse Sophie, mais sa grand-mère revêche me fusillant du regard.
Je partis confus, jetant ma fleur dans le fossé. Le soir même ma mère furieuse déplorait la perte de sa jacinthe. Mes amours débutantes partaient sous de mauvais hospices. Sophie ne su jamais les sentiments que je lui portais.
Depuis, les fleurs, je les mange….
Beignets de fleurs de Sureau
Ingrédients
Fleurs de sureau fraîches cueillies du jour au moment où le soleil est le plus fort avec la tige la plus longue possible; sauf si vous souhaitez vous brûler avec de l'huile bouillante (c'est votre problème)
Farine de blé tendre type 80 (bio)
Oeufs (demandez à vos enfants d'aller chercher dans le poulailler, ils adorent)
Lait (demandez à vos enfants d'aller chercher du lait à la ferme, ils adorent)
Sucre glace
Ou trouver des fleurs de sureau?
C'est pas vrai vous êtes pas possible, dans la nature, dans les chemins, en vous promenant, là où le vent vous mène, elles sont belles et fines à la senteur subtile. Il n'y a aucun producteur de sureau, le sureau n'est pas coté en bourse. Il est juste là, sachez le regarder, le humer. Il ne rapporte rien d'autre que le bonheur qu'il vous donne.
Bon c'est pas tout, maintenant la pâte à beignets.
Je ne vous ferai pas l'affront de vous dire comment faire une pâte à beignets. Si, bon d’accord...
Oeufs, Lait, Farine. STOP, séparez les blancs des jaunes
Mettre dans un récipient creux la farine, et les jaunes d'oeufs, dans un autres les blancs
Battre les blancs au fouet en mettant une pincée de sel fin jusqu'à ce qu'ils ne décollent plus du récipient en le retournant
Une fois que vous avez battu la farine, les jaunes et le lait afin d'obtenir une pâte à crêpe très épaisse incorporez tranquillement les blancs battus à la préparation; Doucement, comme on caresse une jolie fille un peu timide. La pâte à beignet, c'est de la tendresse à l'état brut. Prenez votre temps. L'ensemble doit être onctueux, fragile, doux comme un baiser.
Friture....
Trempez les fleurs de sureau dans la pâte à beignets
Puis dans l'huile bouillante....d'où l'intérêt de cueillir les tiges assez longues...
Et voilà, dégustez, c'est juste très bon...
Sucre glace
Candide Voltaire