Hypero Tomo
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Slow Food « Si j’avais su, j’aurais mis de la mort aux rats
Le soleil tapait dur en ce début juin. Les hommes avaient commencé tôt il fallait atteler les bœufs, retourner les andins, charger le foin, et ramener tout cela au sec avant la nuit. Tout le monde s'afférait. Les enfants trop jeunes pour de rudes tâches avaient pour mission de veiller sur les troupeaux qui pâturaient dans les collines environnantes.
Il était neuf heures, ce matin de juin. Elle arriva en courant, en hurlant essoufflée du haut de ses six ans : « Ils arrivent »
C’était le signal que tout le monde redoutait depuis quatre ans. Nous étions le 2 juin 1944, il faisait un temps magnifique, celui qu’il faut pour rentrer une fenaison prometteuse avant les orages, mais ça attendra. Tant pis pour l’orage, malgré le soleil imperturbable, il arrivait à grand bruit de bottes.
Les hommes rassemblèrent leurs affaires, prirent baluchon sous le bras, et fuyaient dans la forêt. Pépé prit les armes restantes et les fit disparaître dans le puits, elles y sont toujours.
Restaient les femmes et les enfants. La colonne légère arriva. Les soldats sans ménagement fouillaient à la recherche des hommes et des armes. Mémé se réfugiât dans un silence salvateur. Ils se mirent à table par dépit et mangèrent le clafoutis aux cerises qui avait été confectionné pour le gouter des saisonniers.
« Si j’avais su, j’aurais mis de la mort aux rats dans mon clafoutis ! » répétera-t-elle toute sa vie. Leur forfait ne s’arrêta pas à un simple encas. Ils rassemblèrent tout le village dans le pré de Ricou. En descendant de la Tournerie, elle cru échapper à leur escorte en fuyant à quatre jambes par le chemin creux.
« Reviens ici malheureuse, on va être obligé de tirer » cria dans un français parfait mais guttural ce Malgré Nous qui la tenait en joue. Elle obtempéra dans un instinct de survie et réintégra la troupe féminine qui se rendait dans l’enclos de captivité. Tout le jour durant, brulant sous ce soleil de juin, elles restèrent cantonnées sans boire ni manger. Le soir venant, le dépit des occupants étant à son comble ils mirent le feu au village. Dix-huit maisons disparurent, l’église perdit son clocher, le village la moitié de ses habitants contraints à l’exil.
Quelques jours plus tard la même colonne arrivait à Ouradour. Cette fois là les femmes étaient dans l’église.
Alors vous pensez bien que je ne vais pas vous donner la recette du clafoutis aux cerises, ils sont plutôt indigestes dans la famille. Par contre Mémé faisait d’excellents « Pescajounes »
Donc pour les pescajounes de maïs noir aux pruneaux il vous faut:
100g de farine de maïs oaxaca bio (en vente à la ferme de la Rauze)
50 g de sucre
3 œufs
un verre de lait
Pruneaux réhydratés (dans du thé)
Eau de vie de prune
Mélanger la farine et les œufs au fouet
Incorporer le sucre et le lait, je rajoute une rasade d'eau de vie de prune
Faire chauffer à feu vif une poêle de petite taille en faisait fondre un peu de beurre. Y mettre 2 louches de pâte à pescajoune et y rajouter quelques pruneaux.
Les retourner et servir chaud. Laisser cuire jusqu'à résorption de la pâte.
La pâte à pescajounes peut-être sucrée ou salée. C'est le plat du pauvre par excellence, nourrissant, riche et économique. La farine de maïs peut être remplacée par de la farine de blé.
Les pruneaux peuvent être remplacés par tous les fruits de votre gout.
Sous la forme salée, les feuilles de blettes, les épinards sont des alternatives intéressantes. Reagrdez ce qui reste dans votre frigo, c'est souvent la bonne alliance.
Bon appétit
Candide Voltaire