Jeu 15 Déc 2011 10:38 par Delphes
Le projet est en train de prendre sa forme définitive. Je vous en dirai plus sous peu et dans un autre post. Là j'ai plus envie de vous raconter le reste du synopsis de cette future saison. C'est vrai on ne va pas juste s'arrêter à quelques tomatiers....
LA TOMATE ADOUCIT LES MŒURS.
L’an passé, à l’approche des beaux jours, j’ai accepté d’accompagner une copine dans le club de gym du bourg voisin. Là j’ai fait la connaissance entre autres du patron du club et de l’entraineur de basket du coin.
Ne me demandez pas comment c’est arrivé, mais au bout d’un moment, on s’est mis à parler… de jardins, et de tomates. Et là Delphes a tartiné sa science, et savez-vous qu’il existe plus de 12000 variétés de tomates ? Et qu’il ne faut pas mettre de la bouillie bordelaise, et bla bla bla et bla bla bla. Forcément au bout d’un moment le patron du club m’a avoué qu’il adooooorait la noire de crimée. Ben tiens ça tombe bien j’en ai des plants en rab’, mais vous savez qu’il en existe de toutes les couleurs ? Tenez, j’en ai même une bleue ! Nooon ? Siiiiii !
La semaine suivante, je suis arrivée avec trois petits plants et je n’ai pas payé l’entrée de la piscine. L’entraineur de basket m’a demandé si je pourrais lui en vendre, j’ai rétorqué que mes plants n’étaient pas à vendre mais à donner, et je lui en ai apporté quelques-uns la semaine d’après, et lui une semaine plus tard m’a apporté une bouteille de punch… je vous dis que ça ! Il en a apporté deux en fait, mais la deuxième on l’a bue tous ensemble en descendant de nos vélos d’appartement. Et à présent quand on se croise dans le bourg voisin, chacun me dit à quel point leurs tomates étaient bonnes et comme ils se sont fait mousser auprès de leur potes, tout ça avec seulement 3 plants de tomates inhabituelles.
Quand je me suis installée en province, j’avais déjà entendu parler des querelles de clocher qui durent pendant des générations, ce qui fait qu’au bout d’un moment plus personne ne sait pourquoi les Capulet ne peuvent pas blairer les Montaigu. Ça fait de la bonne littérature, certes, mais c’est un aspect de la vie à la campagne qui me fait un peu flipper. Je ne suis pas quelqu’un de rancunier, je fais la gueule deux jours et après c’est fini. Si on me chie dans les bottes, j’ai tendance à faire gaffe où je mets les pieds par la suite, mais d’une manière générale, je préfère qu’on se salue entre voisins, voire qu’on se parle, c’est quand même mieux…
En face de chez nous habitait une femme avec qui nous nous entendions très bien, elle débarquait à la maison n’importe quand, chacun avait les clés de l’autre au cas où, quand son verger était trop productif elle nous donnait des fruits, on s’entre-gardait nos chats… Bref, une voisine avec qui nous avions des relations normales (enfin ce que je qualifie de normal, à savoir cordiales, chacun faisant attention à l’autre, sans être envahissant…)
Elle est partie vivre chez son Jules, et a donc légué sa maison à ses enfants que nous connaissions depuis une petite dizaine d’années.
Depuis deux-trois ans donc, le frère et la sœur, leur époux-épouse et leurs enfants habitent à la place de cette dame. Ils sont respectivement représentant syndicaux, prof, ingénieurs en informatique, tous plutôt verts et roses, donc à priori, plutôt des gens avec qui il y avait moyen de s’entendre.
Eh ben pas du tout.
Tout avait bien commencé, le fils construisant sa maison sur le terrain légué par sa mère, nous lui avions passé nos clés pour qu’il puisse venir prendre les outils dont il pourrait avoir besoin, même en notre absence.
Deux mois à peine après leur arrivée, a commencé un festival de vacheries, avec la complicité active du maire, qui pratique l’adage « diviser pour mieux régner ». Je vous passe les détails. On a d’abord essayé de discuter, mais très vite ce qui est ressorti de leur argumentation c’est que eux ils habitaient ici (sous-entendu, ils étaient nés ici, donc ils étaient légitimes, contrairement à nous, les rattrais). Que répondre à ça ? À part faire profil bas, et faire comme s’il n’y avait pas de voisins autour de nous. Mais ça, dans la durée, je ne sais pas faire. Je n’arrive pas à toujours me retenir de dire bonjour, je n’ai pas été élevée comme ça.
Donc, au printemps dernier, beaucoup de plants de tomate en rab’ distribués aux potes, aux voisins sympas (parce que quand même j’en ai quelques-uns, heureusement) et à ceux qui me l’ont demandé gentiment. Mais il m’en restait encore. Alors j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai été les donner aux voisins « d’ici », et ils ont été acceptés. Ca a considérablement réchauffé l’atmosphère dans la rue. Quelques jours après, nous avons reçu un panier de cerises, que j’ai rendu rempli de tomates. Et voilà. On n’en est pas à se mettre de grandes claques dans le dos, mais on n’en est plus à avoir envie de se les mettre dans la tronche, donc tout va pour le mieux.
La non-violence est un combat. C’est dingue ce qu’un minuscule plant de tomate peut faire !
C’est décidé, le printemps prochain, j’organise une bourse d’échange de plants.
La Pythie vient en mangeant.