Ven 17 Déc 2010 08:28 par Medicago
Bonjour Alain,
peut être que le décalage entre ma réponse et la question posée vous enduit d'erreur. Je n'ai bien évidemment pas semé mes graines de tomates, bien qu'à mon avis à Carcassonne on puisse se permettre de semer dès Février. J'aimerai revenir sur certaines de vos remarques au sujet de la germination des graines.
Pour ce qui est de la vernalisation, vous faites une erreur, mettre des graines sèches au congélateur ne lèvent pas la dormance. La vernalisation c'est mettre des graines hydratées à des températures faibles pendant une durée courte (~0°C, 15 jours). L'autre technique c'est la post maturation à sec, un peu plus risquée puisqu'on expose les graines sèches à une forte température pendant une durée plus importante (~30°C, 2 mois). Du point de vue écologique, l'explication de ces deux méthodes est assez évidente : hiver froid et humide pour la vernalisation, été chaud et sec pour la post-maturation... dans les deux cas il s'agit du passage de la mauvaise saison. La graine suit d'une certaine manière le proverbe "après la pluie, le beau temps" en l'adaptant : "après les mauvaises conditions, les bonnes". C'est pour ça que les mauvaises conditions lèvent la dormance.
La reconnaissance de la saison par les graines passe par de nombreux processus, c'est vraiment un sujet passionnant, mais comme je fais mes semis en intérieur elles ne peuvent pas savoir la saison. les seuls indications dont dispose mes graines se résume en : "je suis vieille" ou bien "je suis jeune". Une graine conservée à l'état sec au congélateur se dira pendant très longtemps "je suis jeune" et complètera cette remarque par un flegmatique "pourquoi me presser?" Au froid on maximise la conservation de la belle au bois dormant...
Ensuite, à l'extérieur, d'autres signaux très bien décrit sur Tomodori d'ailleurs, entrent en compte.
La température et l'humidité sont les plus importants. La lumière (en quantité et en qualité) joue un rôle secondaire mais non négligeable dans la germination (rouge proche et rouge lointain notamment).
Tout ça est en fait extrêmement compliqué, même si à notre niveau "amateur" on peut se permettre d'attendre et de voir les choses se faire.
Pour avoir travaillé sur les processus impliqués dans la dormance de graines, je peux vous assurer que ce phénomène reste l'une des grandes énigmes de la science. La survie à l'état sec, la dormance, la germination sont tous autant de processus extrêmement régulés et donc très compliqués à comprendre. Il suffit de regarder les budgets des "grands" de la semence pour la recherche sur la germination pour se rendre compte que c'est un sujet encore très obscure.
Pour ce qui est de la charcuterie, que j'adore d'ailleurs, il n'en est pas question ici, la manipulation d'un scapel et d'une pince ne fini pas forcément en drame... il suffit de savoir faire, et je répète que cette méthode est extrême mais radicale! A n'utiliser que sur des graines qui refusent obstinément de germer. J'utilise moi même la méthode scottex, la plus efficace, et surtout pratique puisse qu'on voit ses graines. Elle permet en dernier recours de réaliser cette ablation de l'albumen.
Même si le ton est un peu académique, je reste parfaitement sensible à l'empirisme de vos remarques, souvent très juste et pleine de bon sens. Forcer la nature, c'est s'exposer à de nombreuses difficultés, le mieux est de laisser les choses se faire par elles mêmes, et le plus souvent ça marche tout seul dans une apparente simplicité résultant en fait d'une parfaite harmonie gagnée au cours de millions d'années d'évolution.